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Rwanda: Bizimana, un agronome devenu l'un des responsables du génocide

Augustin Bizimana, l'un des principaux suspects du génocide de 1994 au Rwanda, dont un tribunal de l'ONU a annoncé vendredi qu'il était décédé il y a près de 20 ans, était un agronome de formation devenu, en tant que ministre de la Défense, l'un des principaux architectes du massacre.

Bizimana est n&eacute; en 1954 &agrave; Gituza, dans le nord du Rwanda.On sait peu de choses sur ses ann&eacute;es de jeunesse, mais &agrave; l'universit&eacute; il s'est affirm&eacute; comme un Hutu radical, dans un pays d&eacute;chir&eacute; par les tensions ethniques.
"Depuis l'&eacute;cole secondaire, c'&eacute;tait quelqu'un qui aimait s'affirmer, se positionner comme leader", a indiqu&eacute; &agrave; l'AFP un de ses anciens coll&egrave;gues &agrave; l'universit&eacute;, aujourd'hui r&eacute;fugi&eacute; en Europe.&nbsp;
"A l'universit&eacute;, il s'affichait, avec un peu de z&egrave;le, comme membre du MRND (Mouvement r&eacute;volutionnaire national pour le d&eacute;veloppement), le parti unique.Pour s&ucirc;r c'&eacute;tait un partisan de la ligne dure, un inconditionnel du r&eacute;gime Habyarimana", a-t-il ajout&eacute;.
Bizimana a pris ses fonctions de ministre de la D&eacute;fense en juillet 1993, quelques jours avant la signature des accords d'Arusha qui pr&eacute;voyaient un partage du pouvoir entre Hutu et Tutsi pour mettre fin &agrave; trois ans de guerre civile entre le r&eacute;gime hutu et le Front patriotique rwandais (FPR).
Les derniers espoirs de paix se sont envol&eacute;s avec l'assassinat le 6 avril 1994 du pr&eacute;sident hutu Juv&eacute;nal Habyarimana, &eacute;l&eacute;ment d&eacute;clencheur du g&eacute;nocide.En &agrave; peine 100 jours, quelque 800.000 personnes, selon l'ONU, ont &eacute;t&eacute; extermin&eacute;es, essentiellement parmi la minorit&eacute; tutsi et les Hutu mod&eacute;r&eacute;s.
Bizimana &eacute;tait&nbsp;en visite officielle au Cameroun lorsque l'avion du pr&eacute;sident Habyarimana a &eacute;t&eacute; abattu.Rentr&eacute; au Rwanda trois jours plus tard, il a conserv&eacute; ses fonctions dans le nouveau gouvernement int&eacute;rimaire mis en place le 9 avril.
C'est sous sa supervision que les Forces arm&eacute;es rwandaises (FAR), les milices hutu Interahamwe et des civils ont massacr&eacute; syst&eacute;matiquement les Tutsi.
Il est accus&eacute; d'avoir orchestr&eacute; l'assassinat le 7 avril de la Premi&egrave;re ministre hutu mod&eacute;r&eacute;e Agathe Uwilingiyimana, ainsi que de dix Casques bleus belges charg&eacute;s de sa protection.

- "Il savait" -

L'acte d'accusation du Tribunal p&eacute;nal international pour le Rwanda (TPIR) d&eacute;peint un homme parfaitement &agrave; l'aise avec les crimes commis autour de lui.&nbsp;
Bizimana se d&eacute;pla&ccedil;ait souvent dans le pays et pouvait voir les corps s'amonceler aux barrages tenus par les forces gouvernementales."En ces occasions, il n'a jamais soulev&eacute; la moindre objection &agrave; ce qu'il voyait", note l'acte d'accusation.
Le document &eacute;voque un &eacute;pisode lors duquel Bizimana n'a rien fait pour emp&ecirc;cher un membre de son escorte d'ex&eacute;cuter devant lui deux Tutsi, et un autre o&ugrave; il n'est pas intervenu apr&egrave;s avoir appris que des soldats enlevaient et violaient des &eacute;tudiantes tutsi dans une &eacute;cole d'infirmi&egrave;res.
"En tant que ministre de la D&eacute;fense, il contr&ocirc;lait et donnait ses instructions aux FAR", ajoute&nbsp;cet acte d'accusation."Il savait et avait toutes les raisons de savoir que ses subordonn&eacute;s prenaient part &agrave; des crimes".
Non seulement n'a-t-il rien fait pour arr&ecirc;ter les massacres, mais il a aussi essay&eacute; de les cacher, donnant une interview en mai dans laquelle "il affirmait &agrave; tort que les tueries avaient cess&eacute;".
Apr&egrave;s le g&eacute;nocide, pourchass&eacute; par le FPR qui venait de saisir le pouvoir, il a fui le pays, trouvant d'abord refuge en R&eacute;publique d&eacute;mocratique du Congo, alors appel&eacute;e Za&iuml;re, avant de rejoindre le Congo-Brazzaville.
C'est l&agrave; qu'il est mort, a fait savoir vendredi le M&eacute;canisme des tribunaux p&eacute;naux internationaux (MTPI), qui a identifi&eacute; les restes de son corps dans un cimeti&egrave;re de Pointe-Noire et estime la date de son d&eacute;c&egrave;s &agrave; ao&ucirc;t 2000.
D&egrave;s l'ann&eacute;e 2000, la rumeur de sa mort, de cause naturelle, avait circul&eacute; parmi les r&eacute;fugi&eacute;s rwandais au Congo.Il avait &eacute;t&eacute; inculp&eacute; en 1998 par le TPIR des chefs d'accusation de g&eacute;nocide, meurtre, viol et torture.
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