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Sahel: 3 jours de deuil national au Niger après la plus meurtrière attaque jihadiste contre des civils

Le Niger va porter le deuil durant trois jours et renforcer son dispositif sécuritaire dans la zone frontalière du Mali, a annoncé lundi le ministre de l'Intérieur, deux jours après la plus meurtrière attaque jihadiste contre des civils au Sahel.

Samedi, cent civils ont &eacute;t&eacute; tu&eacute;s dans deux villages de l'ouest du Niger, soit le plus lourd bilan d'une attaque contre des civils attribu&eacute;e &agrave; des jihadistes, selon l'ONG ACLED qui r&eacute;pertorie les violences dans la r&eacute;gion.
Aucune revendication officielle n'a &eacute;t&eacute; &eacute;mise apr&egrave;s cette attaque survenue entre les deux tours de la pr&eacute;sidentielle au Niger, ni concernant la pose d'une mine artisanale qui a tu&eacute; le m&ecirc;me jour deux soldats fran&ccedil;ais &agrave; M&eacute;naka, dans le nord-est du Mali, &agrave; quelques centaines de km plus au nord, de l'autre c&ocirc;t&eacute; d'une fronti&egrave;re tr&egrave;s poreuse.
"Nous avons d&eacute;cr&eacute;t&eacute; trois jours de deuil national (...) au niveau s&eacute;curitaire nous allons renforcer le dispositif" en augmentant notamment le nombre de soldats sur le terrain, a affirm&eacute; &agrave; l'AFP le ministre Alkache Alhada, &agrave; l'issue d'un Conseil national de s&eacute;curit&eacute; exceptionnel, dirig&eacute; par le pr&eacute;sident Mahamadou Issoufou.
Le ministre a aussi annonc&eacute; la tenue de forums pour apaiser les tensions entre communaut&eacute;s et le don de nourriture aux populations touch&eacute;es.&nbsp;
L'attaque a eu lieu dans la zone dite des "trois fronti&egrave;res" aux confins du Niger, du Mali et du Burkina Faso, principaux pays touch&eacute;s par les groupes jihadistes affili&eacute;es &agrave; Al-Qa&iuml;da et &agrave; l'organisation Etat islamique.
Un nouvelle preuve que les populations, "particuli&egrave;rement vuln&eacute;rables car prises entre la violence des groupes arm&eacute;s et la r&eacute;ponse des arm&eacute;es", sont les premi&egrave;res victimes d'un conflit qui ne cesse de s'amplifier depuis 2012, estime&nbsp;Ousmane Diallo, d'Amnesty international.
Des milliers de civils ont &eacute;t&eacute; tu&eacute;s, et pr&egrave;s de trois millions ont d&ucirc; fuir leurs domiciles.Des groupes dits d'autod&eacute;fense sont responsables de plusieurs massacres de civils, comme &agrave; Ogossagou dans le centre du Mali, en mars 2019 (plus de 160 morts).

- "Cordon s&eacute;curitaire" -

Samedi matin, les jihadistes sont venus &agrave; bord d'une "centaine de motos" dans les villages de Tchoma Bangou et Zaroumadereye, selon le maire de la commune rurale de Tondikiwindi qui les administre, Almou Hassane.
Expliquant le renforcement s&eacute;curitaire, le ministre de l'Int&eacute;rieur a indiqu&eacute; que l'objectif &eacute;tait d'"&eacute;viter les incursions", en cr&eacute;ant "une sorte de cordon s&eacute;curitaire mais l'une des difficult&eacute;s c'est que c&ocirc;t&eacute; malien c'est le vide", selon lui.
Avec la pose de mines artisanales, ces attaques &eacute;clair &agrave; moto sont le mode op&eacute;ratoire pr&eacute;f&eacute;r&eacute; des jihadistes dans la r&eacute;gion des "trois fronti&egrave;res", devenue depuis plusieurs ann&eacute;es l'un des &eacute;picentres de la violence au Sahel.
Dans la m&ecirc;me bande frontali&egrave;re entre Mali et Niger, sept soldats nig&eacute;riens avaient &eacute;t&eacute; tu&eacute;s le 21 d&eacute;cembre &agrave; six jours du premier tour de la pr&eacute;sidentielle.
Depuis les attaques meurtri&egrave;res de plusieurs bases militaires au Niger et au Mali dans cette m&ecirc;me r&eacute;gion des trois fronti&egrave;res fin 2019-d&eacute;but 2020, la pr&eacute;sence militaire y est faible malgr&eacute; de nombreux efforts engag&eacute;s l'ann&eacute;e derni&egrave;re par les arm&eacute;es nationales aid&eacute;es par les partenaires, France en t&ecirc;te.
Les violences jihadistes sont venues se greffer sur des tensions communautaires, notamment "depuis plusieurs ann&eacute;es" &agrave; la fronti&egrave;re entre Mali et Niger, th&eacute;&acirc;tre de "rivalit&eacute;s entre communaut&eacute;s pour le contr&ocirc;le de l'espace", selon l'International Crisis Group (ICG).
Dans un rapport en 2018, l'ICG d&eacute;non&ccedil;ait la constitution d'une "g&eacute;n&eacute;ration de jeunes hommes vivant du m&eacute;tier des armes".
La commune de Tondikiwindi, d&eacute;j&agrave; th&eacute;&acirc;tre en 2017 d'une embuscade qui avait tu&eacute; 4 membres des forces sp&eacute;ciales am&eacute;ricaines, est habit&eacute;e par plusieurs ethnies: des Djermas s&eacute;dentaires, des nomades peuls et dahoussak et des Arabes.
Il y avait "des tensions entre Djermas et Peuls ces derni&egrave;res semaines" qui ont fait "quelques morts avant l'attaque de samedi", dit un connaisseur de la zone.Fin d&eacute;cembre, plusieurs civils peuls ont &eacute;t&eacute; tu&eacute;s par des habitants s&eacute;dentaires, dit-il.
Selon Yvan Guichaoua, chercheur &agrave; l'Universit&eacute; de Kent (Grande-Bretagne), cette attaque "en dit long sur le degr&eacute; de ressentiment de certains membres de communaut&eacute;s nomades, parmi lesquelles recrutent les jihadistes, vis-&agrave;-vis de communaut&eacute;s s&eacute;dentaires souvent vues comme complices de l'Etat".
"Certains demandent des armes", a conc&eacute;d&eacute; le ministre nig&eacute;rien, annon&ccedil;ant l'organisation de "forums" avec des dirigeants communautaires et religieux pour "pr&eacute;venir les risques de conflits intracommunautaires".

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