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RDC: frappes aériennes sur des positions des rebelles du M23

L'armée congolaise a mené des frappes aériennes mardi contre des  positions des rebelles du M23 dans l'est de la RDC, utilisant deux avions de chasse Sukhoï-25 déployés deux jours auparavant dans la région ainsi que deux hélicoptères de combat, selon des témoignages. 

AFRICA RADIO

8 novembre 2022 à 18h51 par AFP

Goma (RD Congo) (AFP)

Le M23, ancienne rébellion tutsi, a repris les armes fin 2021 et conquis plusieurs localités du territoire de Rutshuru, dans le Nord-Kivu, dont Bunagana, cité stratégique à la frontière avec l'Ouganda. Après plusieurs semaines d'accalmie, les rebelles ont repris l'offensive le 20 octobre et étendu leur emprise vers l'ouest, occupant des localités sur la route nationale 2, qui dessert la capitale provinciale Goma.

Les opérations menées mardi par les Forces armées de RDC (FARDC) ont visé des sites dans ces deux secteurs de l'est et de l'ouest du territoire de Rutshuru. 

"Deux avions de chasse viennent de bombarder Tchanzu et Runyoni", dans des collines proches de la frontière ougandaise, a affirmé un habitant de Bunagana, interrogé depuis Goma."La population d'ici à Bunagana a peur, elle est en train de fuir vers l'Ouganda, c'est le sauve-qui-peut", a-t-il ajouté.

Théophile Nteba, chef de la localité de Gikoro, a ajouté dans l'après-midi que les bombardements avaient aussi visé Sabinyo et Musongati, dans la même région, provoquant également la fuite des habitants de son village. 

"Depuis ce matin, nos avions ont commencé à bombarder la colline de Tchanzu et ses environs", a indiqué sous couvert d'anonymat une source sécuritaire précisant que lundi, les deux Sukhoï-25 avaient effectué des vols de "reconnaissance" et d'identification des cibles. Selon cette source, des combats au sol ont aussi été engagés vers Rugari, à environ 30 km au nord de Goma.

Ni les autorités congolaises ni la force de l'ONU en RDC (Monusco) n'avaient communiqué officiellement en fin de journée sur ces opérations.Aucun bilan n'était alors disponible.

De son côté, le M23, dans un communiqué de son "porte-parole politique" Lawrence Kanyuka, a affirmé que "les forces de la coalition gouvernementale congolaise utilisaient des avions de chasse et des hélicoptères d'attaque pour bombarder des zones fortement peuplées".Le mouvement "n'envisage plus de retourner dans les camps de réfugiés et devra donc se défendre", ajoute le texte.

Les deux avions de chasse et les deux hélicoptères ont été vus dès le matin dans le ciel de Goma, a constaté un correspondant de l'AFP.

Lundi, le Rwanda avait protesté contre la violation de son espace aérien par un Su-25 congolais qui, selon Kigali, s'était même brièvement posé sur la piste de l'aéroport rwandais de Rubavu, près de la frontière congolaise.Kinshasa a reconnu un survol "malencontreux" du territoire rwandais.

- Diplomatie et manifestations -

Les relations sont très tendues entre le Rwanda et la RDC depuis la résurgence du M23 (Mouvement du 23 mars) qui, selon Kinshasa, bénéficie du soutien de Kigali.La RDC a expulsé fin octobre l'ambassadeur du Rwanda.

Plusieurs initiatives diplomatiques ont été lancées pour tenter d'apaiser les tensions, notamment sous l'égide de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Est (CEA), qui a décidé de déployer une force régionale dans l'est de la RDC.

Une "réunion consultative de haut-niveau des chefs d’Etat" de la CEA, selon le gouvernement congolais, s'est tenue lundi en marge du sommet sur le climat (COP27) de Charm-el-Cheikh en Egypte. 

Selon un communiqué diffusé mardi par la CEA via Twitter, les dirigeants ont "réaffirmé leur engagement en faveur d'une solution politique comme seule voie durable vers la séurité dans l'est de la RDC et souligné la nécessité de la participation de toutes les parties prenantes au processus politique".

Par ailleurs, à travers la RDC, en régions et à Kinshasa, les marches se multiplient en soutien aux forces armées congolaises face à "l'agression" dont la RDC accuse le Rwanda.

Mardi, environ un millier d'étudiants et de motards ont défilé dans Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo (nord-est), en vilipendant le président rwandais Paul Kagame et appelant le président russe Vladimir Poutine à fournir des armes au Congo pour contrer la rébellion, a constaté un correspondant de l'AFP.