Accès aux soins: le président sud-africain condamne des opérations anti-étrangers
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a condamné mardi au Parlement de récentes opérations de militants anti-étrangers, devant un hôpital de la capitale Pretoria, empêchant l'accès à des personnes sur la base de la couleur de leur peau et de leur langue.
30 août 2022 à 19h06 par AFP
"Les actes de non-droit, d'intimidation et d'humiliation visant des ressortissants étrangers, qu'ils aient ou non des papiers, ne peuvent être tolérés", a déclaré le chef d'Etat lors d'une séance de questions des députés retransmise à la télévision. Un mouvement baptisé Opération Dudula, "refouler" en zoulou, est actif depuis le début de l'année dans le pays. Ces militants ont notamment organisé des manifestations pour chasser les étrangers qui selon eux "volent le travail des Sud-Africains". Ces dernières semaines, certains de leurs membres se sont postés devant l'hôpital Kalafong à Atteridgeville, un township dans la banlieue de Pretoria. Ils ont bloqué les patients à l'entrée "en fonction de la couleur de leur peau et de la langue qu'ils parlent", a condamné le gouvernement dans un communiqué mardi, qualifiant cette opération d'"atteinte aux droits humains fondamentaux". En Afrique du Sud, l'accès aux soins est un droit garanti par la Constitution, indépendamment de la nationalité. Les Sud-Africains ne sont pas "xénophobes", a martelé M. Ramaphosa, ajoutant que les autorités se chargent de mener des opérations pour lutter contre l'immigration clandestine. Selon les militants anti-étrangers, l'afflux de migrants met le système de santé sous pression et affecte la qualité des soins. Une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux a déclenché leur action. Les images montrent un responsable provincial du ministère de la Santé reprocher vigoureusement à un Zimbabwéen de chercher à bénéficier de soins en Afrique du Sud. L'ambassade du Zimbabwe à Pretoria a condamné ce comportement , disant avoir regardé la vidéo avec "stupeur et incrédulité". Près de quatre millions d'étrangers sont présents sur le territoire, selon les statistiques officielles. Mais ce chiffre est considéré comme largement sous-estimé. La première puissance industrielle du continent, régulièrement en proie à des violences xénophobes, attire de nombreux migrants africains mais lutte contre un taux de chômage à environ 35%.