Emilien Abibou a conservé de nombreuses photos de son grand-père en tenue militaire. Il a retrouvé ces précieuses images dans des archives familiales. Antoine Abibou s’est engagé en 1938 dans l’armée française dans le corps des tirailleurs sénégalais, qui comprenait des soldats de différentes nationalités africaines.
D’origine togolaise, Antoine Abibou était présent à Thiaroye le 1er décembre 1944
“Moi, mon grand-père, je ne l’ai pas connu, il est mort en 1982. On n’a pas leur point de vue sur ce qu’ils pensaient, ce qu’ils savaient, ce qu’ils ont vécu précisément. On sait que le 1er décembre, il est arrêté avec au moins 36 personnes. Il ne ressortira de prison qu’en juin 1947, trois ans plus tard. A priori, ils avaient interdiction de communiquer avec leurs familles et leurs familles n’arrivaient pas à communiquer avec eux” affirme Emilien Abibou.
Antoine Abibou fut accusé à deux reprises par des tribunaux militaires d’avoir mené, à Thiaroye, la rébellion qui était censée justifier la répression de l’armée française. Sa famille se bat pour une révision du procès car Antoine Abibou est considéré, aujourd’hui encore comme un mutin, aux yeux de l’armée française.
Antoine Abibou, en tenue militaire/ crédit : Famille Abibou
Très ému, Djibril Doucouré regarde de vieilles photos de son père, lui aussi soldat dans l’armée française. Souleymane Doucouré n’était pas présent au moment du massacre de Thiaroye, étant en permission à Dakar. Ayant appris qu’il y avait eu massacre, il se rend à l'hôpital pour prendre des nouvelles de ses camarades. Les médecins lui disent qu’ils sont tous morts. Selon Djibril Doucouré, son père a été traumatisé et s’est enfermé dans le silence sur ce sujet jusqu’à la fin de sa vie. “Il ne voulait pas raconter des choses tels que le massacre de Thiaroye ou tout ce qu’il a vécu pendant la guerre. Ils ont juste demandé leurs droits, comment ils ont pu massacrer leur propre armée. Les gens disent les tirailleurs sont morts pour la France , ils sont morts par la France : pas pour la France» déclare Djibril Doucouré
Souleymane Doucouré en tenue militaire
Crédit : famille Doucouré
Djibril Doucouré réclame depuis de nombreuses années le solde de captivité et les primes de démobilisation non touchées par son père. 80 ans après le massacre, la France a fait un premier pas vers la reconnaissance du drame. Six des tirailleurs exécutés à Thiaroye sont désormais reconnus « morts pour la France ». L’annonce avait été faite par le secrétariat d'État français chargé des Anciens combattants et de la Mémoire le 28 juillet dernier. Ce geste est salué par les familles de tirailleurs et historiens.
Djibril Doucouré avec une photo de son père/crédit : Yves Monteil
https://www.africaradio.com/actualite-107807-massacre-de-thiaroye-au-senegal-il-est-important-que-le-president-emmanuel-macron-se-rende-a-thiaroye-le-1er-decembre-prochain-selon-aissata-seck
Le 1er décembre prochain, le Sénégal va commémorer le 80ème anniversaire du massacre de Thiaroye.
Pour le président Bassirou Diomaye Faye, cette commémoration est aussi l’occasion de célébrer le courage et la résilience des tirailleurs sénégalais, tout en mettant en lumière leur rôle crucial dans l’histoire mondiale. Le président français Emmanuel Macron a été officiellement invité par son homologue sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, pour prendre part à ce rendez-vous chargé d’histoire et d’émotion. Les familles de victimes attendent du président Macron une reconnaissance officielle du massacre par l’armée française.
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