Ecoutez Marie-Charlotte Calafat
En France, le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) à Marseille propose jusqu’au 2 novembre prochain une grande exposition intitulée “Amazighes” pour plonger dans la culture et les savoir-faire berbères Amazighes – Cycles, parures, motifs.
Le peuple amazigh ou berbère occupe un vaste territoire qui s'étend de l’Égypte au Maroc, et des îles Canaries jusqu'au Niger, Mali et Mauritanie.
Il se distingue par sa diversité, son ancienneté et la persistance de son identité culturelle. Langue, écriture et savoir-faire y dessinent une cohérence remarquable. Le tamazight, parlé sous différentes formes régionales, et l’écriture tifinagh, en sont les marqueurs les plus visibles.
Près de 150 objets, œuvres, documents et installations sont réunis.
Parmi eux : bijoux, textiles, outils, sculptures, archives audiovisuelles et pièces archéologiques issus principalement des collections du musée Pierre Bergé des arts berbères de la Fondation Jardin Majorelle (Marrakech), du Mucem, ainsi que d’autres institutions et collections privées marocaines, françaises et canariennes.
Parures et protection : l’art comme langage identitaire
Au cœur de l’exposition, la parure n’est pas un simple accessoire. Elle agit comme une enveloppe symbolique, entre esthétique, protection et appartenance. Les objets amazighs – qu’ils soient portés sur le corps ou utilisés dans l’habitat – sont porteurs de sens : motifs tatoués, bijoux ciselés, voiles brodés ou poteries décorées sont autant de supports de messages sociaux, spirituels et parfois thérapeutiques.
Les signes qui les ornent — spirales, cercles, animaux, figures humaines ou symboles agricoles — s’inscrivent dans une logique de continuité, de cycle, et de lien entre nature, genre et société. Ces formes expriment aussi des rapports codifiés entre les individus et leur environnement, entre l’intime et le sacré, entre le visible et l’invisible.
Une culture profondément marquée par le féminin
La matrice culturelle amazighe est pensée depuis des millénaires autour de figures féminines symboliques. Le cercle, forme récurrente, est associé à la fertilité, à la lune, au renouveau. Cette dimension cyclique se manifeste autant dans les rituels liés aux saisons que dans les gestes des femmes : teinture au henné, poterie, tissage, tatouage, autant de pratiques artisanales inscrites dans le quotidien mais porteuses de significations ancestrales. Les hommes, eux aussi, participent à cet héritage symbolique à travers l’orfèvrerie, contribuant à perpétuer un art où la matière se fait vecteur de mémoire collective.
Transmission, diaspora et enjeux contemporains
L’exposition s’interroge aussi sur la notion de « permanence berbère ». Comment ces savoirs anciens sont-ils transmis aujourd’hui ? Quelles formes prennent-ils au sein de la diaspora amazighe, en particulier dans les expressions artistiques contemporaines et les cultures populaires ? Le parcours aborde également la question sensible de l’appropriation culturelle, devenue centrale dans les débats actuels autour du patrimoine.
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