La Russie poursuit sa percée diplomatique et économique en Afrique de l’Ouest. Lundi 28 juillet, le ministre russe de l’Énergie, Sergueï Tsiviliov, a annoncé, lors d’une visite officielle à Niamey, que Moscou souhaite exploiter l’uranium au Niger et développer un système complet de nucléaire civil dans le pays. Il s'exprimait après un entretien avec le général Abdourahamane Tiani, à la tête de la junte militaire nigérienne depuis le coup d'État de juillet 2023.
À cette occasion, un mémorandum d’entente a été signé entre Rosatom, le géant russe du nucléaire, et le ministère nigérien de l’Énergie, ouvrant la voie à une coopération renforcée dans un secteur névralgique pour l’économie du pays.
Le Niger se détourne de la France et s’aligne avec Moscou
Cette annonce s’inscrit dans le contexte d’un basculement géopolitique majeur dans la région. Depuis la prise du pouvoir par les militaires, le Niger a rompu ses liens stratégiques avec la France, son ancienne puissance coloniale, pour se rapprocher de partenaires comme la Russie, à l’image du Mali et du Burkina Faso. Tous sont aujourd’hui dirigés par des juntes militaires qui revendiquent une politique souverainiste, notamment sur la gestion des ressources naturelles.
En juin, les autorités nigériennes ont nationalisé la Somaïr, filiale du groupe français Orano (ex-Areva), qui avait déjà perdu le contrôle opérationnel de ses installations. En décembre 2024, Orano avait confirmé ne plus maîtriser ses trois filiales minières : la Somaïr, la Cominak (fermée en 2021) et le gisement d’Imouraren, l’un des plus vastes au monde.
Des ambitions énergétiques et minières russes sans précédent au Niger
« Notre but principal, c’est d’exploiter l’uranium et de créer un système entier autour de son exploitation », a déclaré Sergueï Tsiviliov à la télévision publique nigérienne. Le ministre a également précisé que Moscou souhaite participer non seulement à l’extraction, mais aussi au développement d’un programme nucléaire civil au Niger.
Aucune information officielle n’a été donnée sur une éventuelle reprise des sites d’Orano par des entreprises russes. Contactée par l’AFP, la société française n’a pas souhaité commenter ces annonces. En mai dernier, Orano avait toutefois reconnu que plusieurs acteurs s’étaient déclarés intéressés par ses actifs nigériens.
Un enjeu stratégique pour le Niger et pour le marché mondial
L’uranium représente un enjeu géostratégique majeur. Découvert en 1957 et exploité depuis 1971, ce minerai reste l’une des principales ressources naturelles du Niger. En 2023, le pays a produit 3 527 tonnes d’uranium, soit 6,3 % de la production mondiale, selon les données de GlobalData.
Dans un contexte de reconfiguration des alliances en Afrique et de tensions énergétiques mondiales, l’offensive de la Russie au Niger dans le secteur du nucléaire pourrait marquer un tournant majeur dans la redistribution des cartes autour de l’accès aux ressources critiques sur le continent.
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