Depuis le début du mois de juin 2025, des records de chaleur sont battus dans de nombreuses régions du continent africain. À Niamey, au Niger, le thermomètre a franchi les 49°C. À Tombouctou, au Mali, des températures de 47°C ont été enregistrées plusieurs jours d'affilée. En Égypte, la ville de Louxor a connu 10 jours consécutifs à plus de 45°C.
Conséquences immédiates : déshydratations, coupures d'électricité, effondrement de récoltes et surcharge des hôpitaux.
Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), l’Afrique se réchauffe 1,5 fois plus vite que la moyenne mondiale. Et les populations les plus vulnérables – agriculteurs, enfants, personnes âgées, déplacés climatiques – sont en première ligne.
Réactions en chaîne : quand la chaleur dérègle tout
Les canicules ne sont pas seulement des problèmes météorologiques. Elles touchent en cascade plusieurs secteurs essentiels :
- Santé : hausse des cas de maladies respiratoires et infectieuses, saturation des centres de soin.
- Énergie : délestages à répétition dans les villes, manque d’accès à la climatisation.
- Alimentation : stress hydrique, perte de rendement agricole, flambée des prix.
- Éducation : fermetures d’écoles dans certaines zones rurales non ventilées.
Au Burkina Faso, le ministère de la Santé a émis une alerte canicule en partenariat avec l’OMS, avec des conseils diffusés à la radio et sur WhatsApp en plusieurs langues locales.
Des réponses locales émergent sur le terrain
Si l’urgence est réelle, l’ingéniosité africaine s’exprime à tous les niveaux.
1. Villes résilientes
À Dakar (Sénégal), un plan « îlots de fraîcheur » a été lancé : végétalisation de cours d’école, toitures blanches, abribus ombragés.
À Nairobi (Kenya), la mairie développe un réseau de fontaines publiques et de points d’ombre pour les chauffeurs de boda-boda et les vendeurs ambulants.
2. Agriculture adaptée
Au Bénin, plusieurs coopératives testent des variétés de maïs résistantes à la chaleur, en partenariat avec le CIRAD.
Au Maroc, des projets de dessalement solaire permettent de sécuriser l’irrigation de cultures dans les zones arides.
3. Santé communautaire
Dans les quartiers populaires d’Abidjan, des associations comme Santé Pour Tous diffusent des messages de prévention via des relais communautaires. Objectif : repérer les signes de coup de chaleur, surtout chez les enfants.
Le numérique au service de l’alerte
Plusieurs start-up africaines proposent désormais des services météo sur mesure. Exemple au Nigeria : Tambaya Weather, qui envoie des alertes SMS localisées aux agriculteurs, avec des conseils pratiques.
Des applications mobiles comme Sahel Alert (Mali) permettent également aux autorités locales de cartographier les zones à risque, en temps réel.
Le saviez-vous ?
Au Sénégal, la radio communautaire reste le canal n°1 d’information pour les alertes canicule en milieu rural.
Un enjeu géopolitique : « les canicules de demain tueront plus que les conflits »
Plusieurs experts africains alertent : la crise climatique est un multiplicateur de vulnérabilités. Elle renforce l’exode rural, aggrave la précarité alimentaire, exacerbe les tensions sociales.
Dans une note confidentielle, un conseiller climat de l’Union africaine évoque « le risque de migration climatique interne massive d’ici 2035 si rien n’est fait ».
L’ONU appelle à doubler les investissements en résilience climatique sur le continent d’ici 2027. Mais les financements tardent.
Ce que l’Afrique invente aujourd’hui servira demain
Face à l’inaction de certains pays du Nord, de nombreux Africains choisissent l’innovation, la solidarité et l’adaptation locale. Comme l’explique la climatologue ivoirienne Fatou Traoré :
« Nous ne voulons pas seulement survivre. Nous voulons construire un futur africain résilient et juste, en tenant compte de nos réalités. »
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