Mardi, le président américain Donald Trump avait annoncé un cessez-le-feu entre l'Iran et Israël. Une annonce rapidement suivie, dans les heures qui ont suivi, de bombardements de la part des deux belligérants, avant qu’ils ne conviennent à nouveau d’un cessez-le-feu. Donald Trump s’est vanté de cette réussite. Mais peut-on parler d’une victoire pour le président américain ?
Non, je ne pense pas qu’il s’agisse d’une victoire. En réalité, l’annonce du cessez-le-feu a été suivie de nouvelles attaques, de nouvelles hostilités. Cela démontre bien que ce cessez-le-feu reste très fragile — comme tous ceux qui, ces deux dernières années, ont été négociés, et dont certains, rappelons-le, ont échoué à contenir la violence et l’escalade régionale.
Il faut donc prendre du recul face au discours de Donald Trump, un discours triomphaliste et très agressif, qui vise en réalité à restaurer l’influence américaine dans la région. Une influence pourtant lourdement entamée par les guerres passées, et par le fait que la diplomatie américaine n’est plus perçue comme neutre ni capable de rassembler les parties.
On l’a vu également avec la crise à Gaza : en deux ans, les États-Unis ont été incapables de mettre fin à la dévastation de la bande de Gaza. On parle beaucoup de l’Iran aujourd’hui, mais en 2025, il ne reste presque plus rien de Gaza.
Donald Trump, lui qui a toujours défendu une politique non-interventionniste, a semblé indécis quant à la marche à suivre, notamment sur une éventuelle intervention en Iran. Le 13 juin, lorsque Israël envoie des missiles sur l'Iran, Donald Trump déclare vouloir prendre deux semaines de réflexion avant toute riposte. Pourtant, le 21 juin, il lance l’opération "Marteau de minuit", consistant en des frappes sur trois sites nucléaires. Comment faut-il comprendre ce revirement ?
Tout d’abord, il y a bien sûr la personnalité très particulière du président américain. Il est difficile de savoir sur quel pied danser, car une déclaration en contredit souvent une autre. Il donne très peu de visibilité, tant ses prises de position sont imprévisibles. C’est une personnalité assez incontrôlable.
Mais au-delà de Donald Trump lui-même, il faut considérer deux grandes tendances qui s’opposent à Washington. La première, souvent qualifiée de néo-conservatrice, est une tendance va-t-en-guerre. Elle milite pour un changement de régime en Iran et soutient la politique tout aussi néo-conservatrice de Benjamin Netanyahou.
Par néo-conservatisme, on entend ici une vision du remodelage du Moyen-Orient par la force, comme cela avait été le cas avec George W. Bush en 2003 lors de l’invasion de l’Irak.
- Lire aussi : "Quand il y a un conflit au Moyen-Orient, les marchés pétroliers sont nerveux", selon le chercheur Francis Perrin
La seconde tendance, que l’on pourrait qualifier de realpolitik ou traditionnelle, se montre beaucoup plus sceptique face aux guerres à répétition. Elle estime que l’interventionnisme militaire ne sert pas forcément les intérêts nationaux américains. Et c’est bien cela qui guide la politique étrangère des États-Unis : l’intérêt national. Un débat intense oppose donc ces deux visions à Washington.
Cette deuxième tendance, bien qu’aujourd’hui plus en retrait, insiste sur le danger de retomber dans les travers de l’aventurisme militaire au Moyen-Orient, qui a coûté cher à l’Amérique dans le passé.
Entre l’annonce du cessez-le-feu et son entrée en vigueur quelques heures plus tard, Donald Trump s’est emporté, accusant les deux belligérants d’avoir violé l’accord. Cette réaction soulève une question déjà posée depuis plusieurs mois : les relations entre Donald Trump et Benyamin Netanyahou pourraient-elles se détériorer à terme ?
Au-delà du soutien affiché des États-Unis à Israël, la relation entre les deux pays est clairement tendue. Comme je l’ai mentionné, certains responsables américains n’ont pas vu d’un bon œil plusieurs décisions unilatérales prises par Israël, notamment celle de frapper l’Iran, ce qui a entraîné les États-Unis dans une logique militariste, aujourd’hui bien plus radicale du côté israélien.
Une partie de l’establishment politico-militaire américain s’oppose fermement à un alignement total sur les positions extrémistes de Benyamin Nétanyahou et de sa coalition.
Ces tensions restent toutefois peu visibles, car l’Iran, le Hamas et d’autres groupes sont régulièrement présentés comme des menaces existentielles communes.
Les Israéliens, de leur côté, insistent sur la nécessité de défendre ce qu’ils appellent "le camp de l’Occident". Ainsi, les divergences sont souvent mises sous silence, mais elles existent bel et bien et elles sont profondes.
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