Le parquet kényan a abandonné ce lundi 21 juillet les accusations de terrorisme contre le célèbre militant kényan Boniface Mwangi. Mais l'activiste est néanmoins poursuivi pour "possession illégale de munitions".
Il était détenu depuis samedi 19 juillet, accusé par la Direction des enquêtes criminelles (DCI) de la police kényane de "facilitation d'actes terroristes" lors des manifestations du 25 juin 2025 à Nairobi, ce qu'il a nié, déclarant sur X : "Je ne suis pas un terroriste".
Il s'est présenté ce lundi 21 juillet devant un tribunal de Nairobi en scandant "Ruto doit partir".
Son acte d'accusation, consulté par l'AFP, le met en cause pour "possession de substances nocives, à savoir trois bombes lacrymogènes sans autorisation légale", ainsi que d'une cartouche à blanc - ce qu'il dément.
- Lire aussi : Kenya: un célèbre militant des droits accusé d'avoir "facilité des activités terroristes"
Il a plaidé non coupable et a été remis en liberté, sous obligation de comparaître, faute de quoi il devra payer un million de shillings (environ 6.000 euros).
"La vérité, c'est que notre président a peur des jeunes, parce que les jeunes s'organisent eux-mêmes, ils descendent dans la rue, ils réclament des améliorations", a martelé M. Mwangi devant le tribunal après sa libération, face à ses partisans et aux journalistes.
Le mandat utilisé par la police pour perquisitionner son domicile et son bureau accusait le militant d'avoir payé des "voyous" pour attiser les violences lors des manifestations du mois dernier.
"Notre président pense que les gens sont payés pour aller dans la rue et il pense que je suis le financier", a-t-il affirmé.
Plusieurs organisations de défense des droits humains ont salué la décision des procureurs d'abandonner les accusations de terrorisme, mais ont dit rester "profondément préoccupées" par l'usage de ces mêmes accusations dans des dizaines d'autres cas.
Elles ont exhorté les autorités à "abandonner cette approche dangereuse de gestion de la contestation publique".
Les autorités invoquent la "sécurité nationale" pour justifier les poursuites
Selon le ministre de l'Intérieur Kipchumba Murkomen, 71 personnes arrêtées lors de manifestations ces dernières sont poursuivies pour les infractions liées au terrorisme.
En réponse aux critiques, le Parquet général du Kenya (ODPP) a assuré dans un communiqué que ces accusations devraient être "comprises dans le cadre des seuils juridiques établis et des impératifs de sécurité nationale plutôt que interprétées comme des efforts visant à supprimer l'expression politique légitime".
Plus de 100 personnes ont été tuées depuis le début du mouvement anti-gouvernemental l'année dernière, selon des organisations de défense des droits humains.
Boniface Mwangi, une figure engagée de la société civile kényane
Boniface Mwangi, est célèbre au Kenya où il a été arrêté à de nombreuses reprises. Le 19 mai, il avait été interpellé en Tanzanie avec la journaliste et militante ougandaise Agather Atuhaire. Ils étaient venus soutenir le chef de l'opposition Tundu Lissu, qui comparaissait devant la justice pour trahison, un crime passible de la peine de mort.
Ils ont tous deux accusé les policiers qui les ont détenus pendant plusieurs jours d'actes de torture et d'agressions sexuelles et ont saisi cette semaine la Cour de justice de l'Afrique de l'Est (EACJ) pour leur enlèvement et torture allégués en Tanzanie.
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