Dans son livre "Contre-histoire de l'humanitaire", Bertrand Bréqueville dissèque le fantasme de la neutralité solidaire

Actus. Qu’est-ce que l’humanitaire ? Loin des conceptions utopiques et des visions idéalisées de l’aide internationale, Bertrand Bréqueville, fort d’une expérience de 25 ans dans ce milieu, a publié vendredi 5 septembre aux éditions Critiques, "Contre-histoire de l’humanitaire". Il y questionne l'historiographie de ce secteur solidaire et fait émerger les aspects négligés et peu connus de ces organisations.

Publié le 01/10/2025 à 15h00, mis à jour le 01/10/2025 à 15h17 - Par Aurélie Lafeil

Dans son livre "Contre-histoire de l'humanitaire", Bertrand Bréqueville dissèque le fantasme de la neutralité solidaire — Bertrand Bréqueville, travailleur humanitaire pour l'ONG Médecins du monde et auteur publie aux éditions Critiques, Contre-histoire de l’humanitaire. - Bertrand Bréqueville

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Pour son troisième ouvrage, Bertrand Bréqueville, chargé de recrutement à Médecins du Monde, choisit de replacer le lien tissé entre le néolibéralisme et l’humanitaire dans le temps long. Vendredi 5 septembre, son livre "Contre-histoire de l’humanitaire" est publié auxéditions Critiques. Le souhait de Bertrand Bréqueville avec cet ouvrage est de rompre avec “une certaine mythologie de l’humanitaire” qui ne permet pas de comprendre sa fonction historique.

Neutre et apolitique ?

L'auteur définit dans son œuvre, un humanitaire institutionnalisé. Il entend par là une organisation standardisée et normative de ce domaine, incarné par des figures tutélaires.

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Rappel : nous venons de publier "Contre-histoire de l'humanitaire" de Bertrand Bréqueville.

Un étude minitieuse de l'histoire de l'humanitaire, qui en montre toutes les limites et les compromissions avec l'impérialisme.

À commander sur notre site :https://t.co/m9Mski9q0i pic.twitter.com/sjSFf45mVP
— Éditions Critiques (@Edit_critiques) September 17, 2025

Dans cette dynamique, il entrecroise trois temporalités : l’humanitaire colonialiste, l’humanitaire anticommuniste et l’humanitaire néolibéral. La guerre d’Algérie est, par exemple, la dernière crise que l’auteur classe dans l’humanitaire colonialiste.

Le positionnement de la Croix-Rouge française

En 1956, le président de la Croix-Rouge française de l’époque, André François-Poncet, fait de l’organisation humanitaire “un auxiliaire des pouvoirs publics français”, déclare Bertrand Bréqueville. Elle devient un moyen de montrer "aux populations musulmanes algériennes le véritable visage de la France : une combinaison d’humanité et de charité”. Ce parti pris n’empêchera pas à l'ONG de clamer son impartialité et son indépendance dans cette guerre qui causa la mort de 30 000 soldats français et d'un million d'Algériens selon le Sénat.

L’auteur parcourt les époques et les histoires en disséquant le fantasme de la neutralité, ainsi que les aspects prétendument apolitiques et indépendants du travail humanitaire.