- [ACTUALISATION, mardi 14 octobre à 17h30]. Jusqu'à 42 personnes ont été expulsées par les Etats-Unis vers le Ghana depuis début septembre, dans le cadre d'un accord conclu par Washington pour renvoyer des ressortissants ouest-africains dans ce pays, a déclaré Démocracy Hub.
Un accord de rapatriement secret entre le Ghana et les États-Unis suscite la colère de la société civile. Lundi 13 octobre, l’organisation Democracy Hub a déposé une plainte devant la Cour suprême d’Accra, accusant le président John Mahama d’avoir "agi de manière inconstitutionnelle" en mettant en œuvre un pacte d’expulsion sans l’aval du Parlement.
Selon cette ONG, le gouvernement ghanéen aurait conclu un accord avec Washington pour accueillir sur son sol des ressortissants d’Afrique de l’Ouest expulsés des États-Unis dans le cadre du programme migratoire lancé par Donald Trump. "L’accueil, la détention et le transfert vers le Ghana de ressortissants ouest-africains rapatriés contre leur gré" ne peuvent se faire sans base légale, plaide l’avocat de l’organisation, Oliver Barker-Vormawor.
Des expulsés abandonnés sans papiers
Depuis le début de ce programme, au moins 28 personnes ont été expulsées vers le Ghana. Certaines auraient ensuite été renvoyées vers d’autres pays africains ou abandonnées "dans des pays tiers sans papiers", selon des témoignages recueillis par des avocats. Le recours demande également à la Cour suprême de déclarer "illégale et anticonstitutionnelle" la détention dans des camps militaires de personnes qui n’ont été "inculpées d’aucun délit".
Le ministre ghanéen des Affaires étrangères, Samuel Okudzeto Ablakwa, a confirmé que le pays coopérait avec Washington. Il a expliqué que cet arrangement faisait partie d’un compromis plus large. "Ils (les Américains) nous ont dit : 'Vous voulez la levée des restrictions de visas, la prolongation de l’accord commercial AGOA, et la révision du tarif douanier. Nous, nous voulons votre aide sur les questions d’immigration'", a-t-il déclaré sur la chaîne TV3 Ghana.
Un accord au prix fort
La révélation de cet échange diplomatique conduit Democracy Hub à affirmer que le président John Mahama aurait "sacrifié les droits humains pour des avantages économiques". L’ONG demande l’annulation pure et simple de l’accord et la libération immédiate des personnes détenues dans le cadre de ce programme.
L’affaire devrait être examinée dans les prochaines semaines par la Cour suprême. Elle pourrait devenir un test décisif pour la transparence du pouvoir exécutif au Ghana, souvent présenté comme un modèle démocratique en Afrique de l’Ouest.
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