Un “conclave” sous tension à Nairobi
Disparu des radars depuis sa condamnation par contumace par la justice militaire de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, 54 ans, a fait une apparition remarquée au Kenya. L’ex-chef de l’État (2001-2019) a présidé mardi et mercredi un “conclave” d’opposants congolais dans la capitale kényane.
Autour de lui figuraient plusieurs personnalités politiques, dont l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, condamné en mai à dix ans de travaux forcés, ainsi que Bienvenu Matumo, militant du mouvement citoyen Lucha, plusieurs fois arrêté sous le régime Kabila.
À l’issue de la rencontre, les participants ont annoncé la création du “Mouvement sauvons la RDC”, appelant les Congolais à “dresser le front et résister à la dictature”. Dans une déclaration consultée par l’AFP, ils dénoncent la “détérioration sécuritaire”, la “détention arbitraire de leaders politiques” et “l’incapacité” du président Félix Tshisekedi à répondre aux crises du pays.
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Le gouvernement congolais fustige une “capitale du complot”
La réaction de Kinshasa ne s’est pas fait attendre. Les autorités congolaises ont condamné la tenue de cette réunion à Nairobi, accusant le Kenya d’être devenu “une capitale du complot contre la RDC”.
Depuis Washington, le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya a dénoncé un rassemblement organisé “sous le prétexte de la paix” mais révélant “un climat de nostalgie des privilèges perdus” parmi des “fugitifs et condamnés”.
Le ministre a également mis en cause la “complicité des représentants de nos agresseurs”, une allusion à peine voilée aux soutiens présumés du M23, groupe armé accusé par Kinshasa d’être appuyé par le Rwanda.
Photo de famille après conclave de Nairobi où la plate-forme “Sauvons la RDC, chapeauté par Joseph Kabila vient de naître pic.twitter.com/i3FPhlKrse
— The Voice Of Congo (@VoiceOfCongo) October 15, 2025
Kabila, symbole d’un retour politique risqué
Condamné à mort par contumace à Kinshasa, Joseph Kabila a été reconnu coupable de complicité avec le M23, mouvement rebelle qui a multiplié les offensives dans l’est du pays depuis 2021.
Sa réapparition intervient dans un contexte de forte instabilité : les forces congolaises, affaiblies, peinent à contenir la progression du M23 dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Selon plusieurs observateurs, la condamnation de Kabila pourrait viser à empêcher toute tentative de fédération de l’opposition autour de son ancienne figure.
En mai dernier, dans une rare allocution en ligne, l’ex-président avait déclaré que “la dictature doit prendre fin” et s’était dit prêt à “jouer sa partition”. Une déclaration qui, déjà, marquait son positionnement comme opposant assumé à Félix Tshisekedi.
Un climat politique explosif avant les prochaines échéances
Alors que le pays traverse une crise sécuritaire et économique persistante, ce retour de Joseph Kabila sur la scène publique accentue les fractures au sein de la classe politique congolaise. Pour le gouvernement, il s’agit d’une manœuvre déstabilisatrice ; pour ses partisans, d’un signal de résistance face à ce qu’ils qualifient de dérive autoritaire. La RDC semble ainsi s’engager dans une nouvelle phase de tensions où les lignes entre justice, politique et rivalités régionales se brouillent davantage.
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