Tunisie : des milliers d’habitants de Gabès manifestent pour exiger la fermeture d’un complexe chimique

Actus. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Gabès, dans le sud de la Tunisie, mercredi 15 octobre, pour réclamer la fermeture du complexe chimique du Groupe Chimique Tunisien (GCT), accusé d’être à l’origine de graves épisodes de pollution et d’intoxications. Les habitants dénoncent un drame sanitaire et environnemental qui dure depuis des décennies.

Tunisie : des milliers d’habitants de Gabès manifestent pour exiger la fermeture d’un complexe chimique
Le site du Groupe Chimique Tunisien (GCT) à Gabès - GCT

“Nous voulons respirer” : la colère des habitants de Gabès 

Mercredi, plusieurs milliers de manifestants ont défilé à Gabès, scandant “Nous voulons respirer” et “Le peuple veut le démantèlement des unités polluantes”, selon une correspondante de l’AFP sur place. 
En tête du cortège, des dizaines de motos ont ouvert la marche, tandis que les protestataires, dont de nombreuses familles, se rassemblaient sur la Place des Martyrs avant de se diriger vers l’immense site du Groupe Chimique Tunisien (GCT). 
Le mouvement, organisé par le collectif Stop Pollution, intervient après une nouvelle vague d’intoxications : selon les autorités locales, 122 personnes – élèves et riverains – ont été hospitalisées ou soignées après avoir inhalé des émanations toxiques provenant de l’usine. Il s’agit du troisième épisode en un mois, après ceux du 9 septembre et du 10 octobre. 
“Il y en a marre, il faut que ça s’arrête. Mes trois enfants et moi sommes asthmatiques, mon mari et ma mère sont morts d’un cancer à cause de ce groupe chimique”, témoigne Lamia Ben Mohamed, 52 ans, manifestante rencontrée par l’AFP.

 Un scandale environnemental ancien 

Depuis plus d’une décennie, les habitants de Gabès et les militants écologistes dénoncent les rejets massifs de déchets gazeux et solides par le complexe, qui fabrique des fertilisants et déverse ses résidus directement dans la nature. Les conséquences sur l’environnement sont visibles : plages jonchées de résidus, effondrement de la pêche, maladies respiratoires et cancers en hausse. Les manifestants, enveloppés dans le drapeau tunisien ou brandissant des drapeaux jaunes à tête de mort, portaient des pancartes où l’on pouvait lire : “Stop génocide”, “Gabès sans oxygène”, ou encore “Le complexe nous tue sous le regard de l’État.

 

Les autorités sous pression 

Face à la colère grandissante, le président Kaïs Saïed a dépêché une équipe d’inspection conjointe des ministères de l’Industrie et de l’Environnement, ordonnant de “faire le nécessaire” pour stopper les fuites de gaz. Selon Slah Ben Hamed, dirigeant régional de l’UGTT, ces incidents seraient dus à “des équipements trop vieux” et à “un manque d’entretien”. Le complexe, inauguré il y a 53 ans, devait être fermé dès 2017, une promesse gouvernementale jamais tenue. 
Pour de nombreux experts, l’assainissement complet du site paraît aujourd’hui quasi impossible, tant les infrastructures sont obsolètes et les dégâts environnementaux profonds. 

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Un symbole national de la pollution industrielle 

Le cas de Gabès illustre la crise écologique chronique que connaît la Tunisie, confrontée à la dégradation de ses écosystèmes industriels. Malgré les promesses successives des autorités, la population du sud continue de payer le prix d’un modèle de développement productiviste, hérité des années 1970. 
À Gabès, la mobilisation ne faiblit pas : “Nous continuerons jusqu’à ce que l’usine ferme”, promettent les militants de Stop Pollution, bien décidés à faire de leur combat une cause nationale. 

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