Une semaine après la chute d’El-Facher, dernier bastion gouvernemental au Darfour, le Premier ministre soudanais Kamil Idris hausse le ton. Dans un entretien au journal suisse Blick, il appelle à des poursuites internationales contre les auteurs des violences qui ont suivi la prise de la ville par les Forces de soutien rapides (FSR), accusées d’exactions massives.
« La communauté internationale en fait trop peu », dénonce-t-il. « Nous avons besoin d’actes, pas seulement de paroles. Tous les crimes doivent être poursuivis en justice – y compris au niveau international. »
Exécutions, pillages, viols : El-Facher sous le choc
Depuis la conquête de la ville, les témoignages se multiplient. Plusieurs ONG et humanitaires font état de violences généralisées, de pillage de quartiers entiers, de violations sexuelles et d’attaques ciblées contre les civils.
El-Facher, assiégée pendant 18 mois avant sa chute le 26 octobre, était le dernier verrou stratégique du Darfour encore contrôlé par l’armée soudanaise. Sa perte marque un tournant majeur dans la guerre qui ravage le pays depuis avril 2023.
Pas de troupes étrangères, prévient Khartoum
Malgré la gravité des faits, Kamil Idris rejette toute idée d’intervention militaire internationale.
« Des troupes étrangères porteraient atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du Soudan », affirme-t-il. « Ce serait illégal et contre-productif. L’armée et le peuple soudanais sont déterminés à sauver et à libérer El-Facher. »
Le chef du gouvernement appelle plutôt les États membres de l’ONU à désigner les FSR comme organisation terroriste, afin de les isoler diplomatiquement et financièrement.
Une guerre qui menace l’unité du pays
Depuis avril 2023, le Soudan est déchiré entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane, qui contrôle le nord et l’est, et les FSR de Mohamed Hamdan Daglo, désormais maîtres du Darfour. Ce conflit a déjà provoqué des milliers de morts et plus de 8 millions de déplacés, selon l’ONU.
La chute d’El-Facher fait craindre une nouvelle partition du pays, déjà amputé en 2011 avec l’indépendance du Soudan du Sud. De nombreux observateurs redoutent aussi le retour de violences ethniques comparables à celles du début des années 2000, lors du premier conflit du Darfour.
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