Un ex-chef rebelle jugé pour des atrocités commises en Ituri et dans le Haut-Uélé
Le procès de Roger Lumbala, 67 ans, ancien chef du mouvement rebelle RCD-N (Rassemblement des Congolais démocrates-National), s’est ouvert ce mercredi 12 novembre 2025 à Paris. Détenu à la prison de la Santé depuis 2020, il est poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité, notamment pour des exactions commises en 2002 et 2003 dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC).
Roger Lumbala, ex-ministre congolais, jugé en France pour crimes contre l'humanité en Ituri. La justice française abuse-t-elle de sa compétence universelle ? Détails de cette affaire qui divise 👇 #JusticeRDC #CrimesHumanitéhttps://t.co/t1UaijewWY
— CongoQuotidien.com (@Congoquotidien) October 10, 2025
Les crimes reprochés – exécutions sommaires, viols, tortures, pillages et travail forcé – auraient été commis lors de l’opération militaire « Effacer le tableau », menée conjointement avec le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba. Cette offensive visait à la fois à reprendre le contrôle du territoire face aux forces loyales à Joseph-Désiré Kabila et à s’emparer des ressources naturelles de la région, selon le rapport « Mapping » de l’ONU.
Des crimes utilisés comme "instruments de guerre"
Les juges d’instruction français décrivent un système où les viols et la terreur étaient utilisés comme armes de guerre, notamment contre les femmes nande et pygmées bambuti, accusées de soutenir des groupes pro-Kinshasa.
Roger Lumbala, qui a été ministre de la Transition (2003-2005) avant de s’exiler, conteste son rôle dans ces crimes. Il affirme avoir été « simple homme politique » sans commandement militaire. Mais selon les magistrats, il agissait comme un véritable chef de guerre, responsable des exactions commises par ses hommes.
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La compétence universelle au service de la justice internationale
Ce procès est jugé en vertu de la compétence universelle, un principe permettant à la justice française de poursuivre les auteurs de crimes contre l’humanité, même commis à l’étranger, à condition qu’ils résident en France. Roger Lumbala, qui possédait un appartement à Paris et y avait déposé une demande de renouvellement de statut de réfugié, remplissait ces conditions. Les débats, qui s’étendront jusqu’au 19 décembre, seront enregistrés à des fins d’archives historiques, à l’instar des grands procès pour crimes de masse.
Un « signal fort » pour les victimes et la justice internationale
Plusieurs ONG parties civiles, dont la Clooney Foundation for Justice (CFJ), TRIAL International, Minority Rights Group et Justice Plus, saluent un “procès historique” : le premier au monde jugé sur le fondement de la compétence universelle pour des atrocités commises en RDC. « Tenir Roger Lumbala responsable envoie un signal fort : les crimes commis en RDC ne resteront pas impunis », souligne Samuel Ade Ndasi de Minority Rights Group. Alors que les combats se poursuivent encore aujourd’hui dans l’est du pays, notamment contre le M23 soutenu par le Rwanda, ce procès symbolise une avancée majeure pour les victimes congolaises et la reconnaissance internationale de leurs souffrances.
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