Une plainte à Genève contre une décision jugée « arbitraire »
Anicet-Georges Dologuélé, principal rival du président Faustin-Archange Touadéra, a annoncé mercredi avoir saisi le Comité des droits de l’Homme des Nations unies après la déchéance de sa nationalité centrafricaine. « J’attends que ma nationalité et mon passeport me soient restitués et de pouvoir me présenter aux élections », a-t-il déclaré à l’AFP depuis Bangui.
Le 16 octobre, huit jours après le dépôt de sa candidature à la présidentielle, un tribunal de Bangui avait estimé que l’ancien Premier ministre, devenu Français en 1994, avait perdu automatiquement sa nationalité centrafricaine, en application d’une disposition du code de la nationalité datant de 1961.
Pour l’opposant, cette décision est avant tout politique : « La justice centrafricaine subit des pressions. Elle a besoin d’un coup de main international », a-t-il affirmé. Ses avocats, qui ont déposé la plainte à Genève, dénoncent une tentative du pouvoir de « confisquer la démocratie ».
On sort une ordonnance pour annuler un certificat de nationalité qui n'a jamais existé. On en sort une autre 4 jours plus tard pour dire qu'on s'est trompé sur la date du document, alors même que la requête y relative n'a pas été rectifiée. Au total 3 ordonnances en 3 semaines,…
— Anicet G. Dologuele (@ADologuele) November 11, 2025
Une révision constitutionnelle controversée
La crise intervient dans un contexte électoral tendu. La révision constitutionnelle de 2023, adoptée par référendum, interdit désormais aux binationaux de se présenter à la magistrature suprême. Elle a également supprimé la limitation du nombre de mandats présidentiels, ouvrant la voie à une troisième candidature de Faustin-Archange Touadéra. Pour se conformer à ce nouveau cadre, Anicet-Georges Dologuélé avait renoncé en août à sa nationalité française. Mais le tribunal estime que cette démarche ne suffit pas à lui restituer automatiquement la nationalité centrafricaine. « On ne peut pas rendre quelqu’un apatride », s’est insurgé le leader de l’URCA, évoquant un « acharnement » à son encontre.
Vers une présidentielle sous tension
Le Conseil constitutionnel doit valider la liste définitive des candidats d’ici le 16 novembre, en vue d’un quadruple scrutin — présidentiel, législatif, régional et municipal — prévu le 28 décembre. Près de 2,3 millions d’électeurs sont appelés aux urnes dans un climat politique et sécuritaire déjà fragile.
L’issue de la plainte déposée à l’ONU, dont les décisions ne sont pas juridiquement contraignantes, pourrait peser symboliquement sur le processus électoral et sur la crédibilité du scrutin à venir.
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