"La Chambre de première instance VII de la Cour pénale internationale a ordonné la mise en liberté provisoire sous conditions spécifiques de M. Jean-Pierre Bemba", a déclaré la CPI dans un communiqué.
Ancien riche homme d'affaires devenu chef de guerre puis vice-président, le Congolais avait été condamné en première instance en 2016 à 18 ans de prison, la peine la plus lourde jamais imposée par la CPI, pour les meurtres, viols et pillages commis en Centrafrique par sa milice entre octobre 2002 et mars 2003.
Toutefois, sa mise en liberté provisoire a été ordonnée sous des conditions spécifiques: bien qu'acquitté vendredi dans un revirement de situation extraordinaire devant la Cour basée à La Haye, le Congolais n'avait pas été libéré en raison d'une affaire, toujours en cours, de subornation de témoins dans le cadre de son principal procès.
Il doit "s'abstenir de faire des déclarations publiques sur cette affaire, ne pas changer d'adresse sans préavis, ne contacter aucun témoin et se rendre immédiatement aux autorités compétentes si la Chambre de première instance l'exigeait", a énuméré la CPI.
Les juges étudient désormais la condamnation de M. Bemba en mars 2017 dans cette affaire annexe à un an de prison et 300.000 euros d'amende.La sentence définitive dans cette affaire est attendue le 4 juillet.
- Maintien en détention "disproportionné" -
Mais comme il a déjà purgé 80% de la peine maximale possible, les juges ont considéré qu'il était disproportionné de continuer la détention de M. Bemba uniquement pour s'assurer qu'il comparaisse pour le prononcé de la peine.
"Compte tenu de tous les facteurs pertinents et des circonstances de l'affaire dans son ensemble, la Chambre de première instance considère que les conditions juridiques d'un maintien en détention ne sont pas remplies", a indiqué le juge Bertram Schmitt.
Arrêté en 2008, l'ancien chef de guerre a passé la dernière décennie dans le centre de détention de la CPI situé dans le quartier balnéaire de La Haye.
Désormais relâché, M. Bemba a l'intention de traverser la frontière pour rejoindre son épouse et ses cinq enfants installés en Belgique, selon ses avocats.
"Il est temps pour tout le monde de passer à autre chose", a déclaré devant les journalistes l'avocat de M. Bemba à l'issue de l'audience, ajoutant qu'un "délai de 24 heures serait nécessaire pour organiser le déplacement" de son client "vers la Belgique".
Car "il ne s'agit pas pour lui de sortir du centre de détention, sauter dans un taxi et être à Bruxelles en quelques heures", a indiqué Peter Haynes, ajoutant qu'une "série d'arrangements diplomatiques devaient être pris pour le transférer du territoire de la CPI vers la Belgique".
- Ambitions politiques -
Le procès du Congolais, qui s'est ouvert à La Haye en novembre 2010, était le premier de la CPI mettant en avant la responsabilité d'un commandant militaire quant à la conduite des troupes sous son contrôle.
La chambre d'appel a estimé qu'il n'a pas été prouvé que M. Bemba, qui n'était pas lui-même présent en Centrafrique lors des faits, aurait pu contrôler à distance les agissements de sa milice, le Mouvement de libération du Congo (MLC).
A la fin de la deuxième guerre du Congo (1998-2003), M. Bemba est devenu vice-président dans le cadre d'une transition politique dirigée par Joseph Kabila, qui a accédé à la tête de l'État à la mort de son père en 2001.
Battu par M. Kabila à l'élection présidentielle de 2006 après un entre-deux-tours émaillé de violences, il est élu sénateur.
L'acquittement de M. Bemba, enfant chéri de Kinshasa, où il avait obtenu 70% des suffrages, intervient dans un contexte de tension croissante à l'approche de l'élection présidentielle prévue le 23 décembre.
Jean-Pierre Bemba "n'a jamais renoncé à ses ambitions politiques", selon son avocat.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.