M. Sissi a déposé son bulletin dans l'urne au Caire dès l'ouverture des bureaux de vote à 09H00 locales (07H00 GMT), selon la TV nationale qui diffusait en boucle des images du scrutin et d'électeurs favorables aux changements constitutionnels.
Les 62 millions d'Egyptiens convoqués aux urnes ont de samedi à lundi, entre 09H00 à 21H00 locales, pour dire "oui" ou "non" à la réforme constitutionnelle.
Des chants patriotiques étaient diffusés à l'extérieur des bureaux de vote décorés aux couleurs nationales et placés sous haute protection de la police et de l'armée, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Mohamed Abdel Salam, un électeur cairote de 45 ans, a voté "oui"."Peu m'importe le mandat présidentiel, tant qu'il (le président) est fonctionnel et remplit son rôle...et Sissi a déjà fait beaucoup", a-t-il dit à l'AFP.
Un peu plus loin toutefois, un électeur trentenaire se rendant aux urnes avec ses collègues a préféré garder l'anonymat: "Nous sommes les employés d'une entreprise, on nous a demandé d'aller voter".
- Incitations à voter -
Comme observé lors de précédents scrutins en Egypte, des électeurs ont fait l'objet de nombreuses incitations à aller voter.
Près de plusieurs bureaux de vote du centre du Caire, des coupons permettant l'obtention gratuite de denrées alimentaires ont été distribués à des électeurs, une moitié avant, une autre après avoir voté, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les résultats du scrutin, qui devraient sans surprise être favorables à M. Sissi, seront proclamés le 27 avril.
Depuis des semaines, des banderoles ont fleuri au Caire et dans d'autres villes appelant à voter "oui" à la révision de la Constitution de 2014, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels.
Le Parlement a approuvé mardi à une écrasante majorité les amendements, et les dates du référendum qui doit les entériner ont été annoncées le lendemain.
Les nouvelles dispositions permettent de faire passer le deuxième mandat de M. Sissi de quatre à six ans, portant son terme à 2024.Le chef de l'Etat pourrait ensuite se représenter en 2024 pour un troisième mandat, ce qui le reconduirait jusqu'en 2030.
Cette série d'amendements "est sans précédent dans l'histoire (moderne) de l'Egypte", estime Mustapha El-Sayyid, professeur de sciences politiques à l'Université américaine du Caire.
Pour M. Sayyid, ces amendements renforceraient le pouvoir "d'un individu sur tous les autres"."Un retour en arrière sera très difficile", souligne-t-il.
Outre la durée du mandat présidentiel, la révision renforce le contrôle du pouvoir judiciaire par l'exécutif et institutionnalise le rôle politique de l'armée, pilier du régime.Il prévoit aussi un quota de 25% de femmes au Parlement.
Dans une lettre publiée jeudi, le cabinet d'analyse Soufan Center avance qu'"il n'y a que peu d'opposition publique aux changements constitutionnels, résultat probable de la nature oppressive du gouvernement".
Samedi, l'ONG Human Rights Watch a appelé le pouvoir égyptien a cesser le processus d'amendement de la Constitution, en estimant que les changements ne feraient que "consolider le pouvoir autoritaire".
M. Sissi a été élu président en 2014, avec 96,9% des voix, un an après avoir renversé avec l'armée et sur fond de mécontentement populaire, le président islamiste élu Mohamed Morsi.
Il a été réélu en 2018, avec 97,08% des voix, sans qu'aucun rival sérieux ne puisse le défier.
Les ONG et les opposants dénoncent la réforme constitutionnelle, accusant régulièrement M. Sissi de graves violations des droits humains.
Un groupe d'ONG égyptiennes a estimé cette semaine que le "climat" politique ne permettait pas la tenue d'un référendum constitutionnel avec des "garanties ne serait-ce que minimales d'impartialité et d'équité".
- A contre-courant -
La consolidation attendue du pouvoir de M. Sissi en Egypte intervient alors qu'au Soudan voisin et en Algérie, des mouvements populaires sont venus à bout, après des mois de contestation, de chefs d'Etat au pouvoir depuis des décennies.
Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 1989 à Khartoum, a été renversé le 11 avril.Abdelaziz Bouteflika, maître de l'Algérie depuis 1999, a démissionné le 2 avril.
"Lorsque vous réprimez toute forme de liberté, vous récoltez une explosion de colère dans les rues ou un coup d'Etat militaire violent", avance le politologue Hassan Nafaa.
Au Parlement, seuls 22 élus ont voté contre les amendements ou se sont abstenus.
L'opposition à cette révision reste presque exclusivement cantonnée aux réseaux sociaux.L'écrasante majorité des médias, en particulier la télévision, relaie le discours des soutiens du président Sissi, diabolisant toutes voix critiques.
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