Les relations franco-algériennes se sont fortement détériorées depuis juillet 2024
Durant l’été 2024, le président Emmanuel Macron a dit soutenir la position marocaine sur le territoire disputé du Sahara occidental. Le 16 novembre, l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, critique du régime algérien, a été arrêté et condamné à cinq ans de prison en Algérie, puis les relations ont été marquées par des refus d'Alger de reprendre des ressortissants indésirables en France, et des expulsions de représentants de part et d'autre. Une conversation téléphonique fin mars entre les deux présidents, et une visite à Alger du ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot n'ont apporté qu'un apaisement éphémère et les coopérations sont gelées. Pour l’historien, spécialiste de la décolonisation, Gilles Manceron, la crise ne doit pas entraver le travail des historiens “Que le processus politique reprenne ou pas, des rapports inter-universitaires entre les deux pays se nouent, et je pense que c’est tout à fait utile que ces rencontres se fassent et que ce dialogue reprenne" déclare Gilles Manceron
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Pour résoudre la crise, de nouveaux gestes mémoriels ?
“Je ne pense pas que les gestes mémoriels puissent suffire aujourd’hui, c’est cela le problème" Benjamin Stora
Les gestes mémoriels d'Emmanuel Macron, premier président né après la guerre d'Algérie, se sont multipliés. En septembre 2018, le Président de la République reconnaissait l’assassinat par la France de Maurice Audin, jeune mathématicien qui travaillait à l’université d’Alger et militait pour l'indépendance algérienne. En juillet 2020, le Président décidait de la restitution de crânes d’Algériens, conservés depuis le XIXème siècle au Muséum d’histoire naturelle. Le 2 mars 2021, le Président de la République a reconnu l’assassinat d’Ali Boumendjel, avocat et dirigeant politique du nationalisme algérien. Il a reçu à cette occasion quatre des petits enfants d’Ali Boumendjel, et les a assurés de sa détermination à poursuivre le travail de vérité. Faut-il de nouveaux gestes mémoriels du président français pour apaiser les tensions ? “Je ne pense pas que les gestes mémoriels puissent suffire aujourd’hui, c’est cela le problème. C’est à dire, qu'envisager la possibilité de gestes mémoriels, ce serait une sorte de substitut à une reprise de liens directement politiques, par exemple sur la question des OQTF, mais aussi sur la question très importante des visas. A mon sens, le point le plus important, cela va être effectivement le problème de la circulation des personnes entre les deux rives de la Méditerranée. Et s’il y’ a une restriction des visas, cela va aboutir à des raidissements de situation qui ne peuvent pas se combler par des gestes mémoriels” déclare l’historien Benjamin Stora
Emmanuel Macron a reconnu mardi, "au nom de la France", que l'avocat et dirigeant nationaliste Ali Boumendjel avait été "torturé et assassiné" par l'armée française pendant la guerre d'Algérie en 1957, a annoncé l'Elysée, un meurtre à l'époque maquillé en suicide #AFP pic.twitter.com/e39Dn5azkS
— Agence France-Presse (@afpfr) March 3, 2021
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“Toutes les familles algériennes, là je parle de la guerre d’indépendance, ont connues un neveu, un cousin, un fils, un père qui a été soit arrêté, soit torturé, soit hélas, assassiné" Alain Ruscio
Il y a 63 ans, le 5 juillet 1962, l’Algérie accédait à l’indépendance après huit ans de lutte armée contre la France, alors puissance coloniale. Des historiens estiment à 500 000 le nombre de morts algériens, et selon le ministère français des armées, près de 25 000 militaires ont aussi perdu la vie. Selon l’historien Alain Ruscio, les gestes mémoriels peuvent apaiser les tensions “Toutes les familles algériennes, là je parle de la guerre d’indépendance, ont connu un neveu, un cousin, un fils, un père qui a été soit arrêté, soit torturé, soit hélas, assassiné. La France officielle refuse de regarder en face et de reconnaître l’inhumanité de ces crimes. Il y’ a aujourd’hui dans la mémoire collective du peuple algérien ces traumatismes, ces drames” affirme Alain Ruscio
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