En 2020, l’annonce du lancement d’Akon City avait fait le tour du monde. Inspirée de la ville fictive de Wakanda dans le film Black Panther, cette mégapole du futur devait émerger à Mbodiène, à une centaine de kilomètres de Dakar. Portée par l’artiste américano-sénégalais Akon, de son vrai nom Alioune Badara Thiam, la ville promettait hôpital, université, hôtels de luxe, zones résidentielles et économie basée sur la crypto-monnaie Akoin. Le tout pour un budget de 6 milliards de dollars.
Cinq ans plus tard, le constat est sans appel : sur les 800 hectares annoncés, seul un bâtiment d’accueil inachevé sort de terre. Aucune route, aucune centrale solaire, aucun logement. À Mbodiène, les promesses de développement ont laissé place à l’amertume et à l’incompréhension.
Un projet ambitieux freiné par la réalité
Officiellement, les retards sont d’abord imputés à la pandémie de Covid-19. Les promoteurs évoquaient également des études de faisabilité et des lenteurs administratives. Mais ces explications ne suffisent plus à convaincre. L’État sénégalais, via la Société d'aménagement et de promotion des côtes et zones touristiques du Sénégal (SAPCO), a récemment décidé de reprendre la main.
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En juin 2024, une première mise en demeure est adressée aux promoteurs d’Akon City. Un an plus tard, la rupture est consommée : les autorités sénégalaises annoncent qu’elles récupèrent la quasi-totalité des terrains. Seuls 5 hectares seraient encore destinés à un projet immobilier à petite échelle.
Akon admet des erreurs, mais garde espoir
De son côté, Akon reconnaît avoir manqué de prudence. Dans plusieurs interviews, l’artiste évoque une annonce “trop précipitée” et des obstacles financiers et politiques sous-estimés. Il affirme néanmoins ne pas avoir abandonné l’idée, tout en promettant désormais de travailler “dans la discrétion”.
Mais pour de nombreux observateurs, le mal est fait. La crypto-monnaie Akoin, censée soutenir l’économie de la ville, s’est effondrée. Le montage financier du projet n’a jamais été totalement transparent. Et sur le terrain, les populations locales, qui espéraient emplois et infrastructures, n’ont rien vu venir.
Le Sénégal tourne la page, les leçons restent
Avec la reprise des terres par l’État, le Sénégal semble vouloir clore ce chapitre. Des pistes sont étudiées pour relancer un projet plus réaliste sur le site. Mais le désenchantement est palpable. Pour certains, Akon City est devenu le symbole de ces projets spectaculaires annoncés en Afrique sans garantie de réalisation.
Au-delà du cas sénégalais, cette affaire pose la question de la viabilité des smart cities africaines financées par des capitaux privés, souvent étrangers, parfois flous. Le rêve technologique africain a besoin de plus qu’un nom célèbre pour prendre racine.
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