Kenya : une attaque armée vise la Commission des droits humains à la veille de la Journée Saba Saba

Actus. Une dizaine d’hommes armés ont attaqué dimanche la Commission kényane des droits humains, alors qu’une conférence dénonçait les violences policières dans un climat social et politique sous haute tension.

Kenya : une attaque armée vise la Commission des droits humains à la veille de la Journée Saba Saba
Violente intrusion à Nairobi, en pleine mobilisation contre les brutalités policières - Capture d'écran

La tension continue de monter au Kenya. Dimanche 7 juillet, à la veille de la "Journée Saba Saba", une dizaine d’hommes armés ont fait irruption au siège de la Commission kényane des droits humains à Nairobi, interrompant violemment une conférence de presse qui dénonçait les exactions policières. La scène s’est déroulée sous les yeux d’un journaliste de l’AFP.

Les assaillants, armés de bâtons, ont forcé une porte fermée à clé avant d’interpeller les participants : "Vous organisez des manifestations ici", ont-ils lancé, tout en dépouillant plusieurs personnes. L’attaque visait une conférence co-organisée par plusieurs ONG, dont Women’s Collective, à la veille de la commémoration annuelle des mobilisations pro-démocratie du 7 juillet 1990. Sur X, l’ONG a dénoncé "l’attaque de goons armés" contre un espace de dialogue pacifique.

Des "goons" accusés d’agir pour le compte du pouvoir

Depuis plusieurs semaines, les manifestations contre la hausse du coût de la vie, la corruption endémique et les brutalités policières se multiplient dans le pays. Mais ces mobilisations sont régulièrement ciblées par des bandes organisées, qualifiées de "goons" au Kenya, soupçonnées d’agir avec la bienveillance, voire la complicité des autorités.

Le 17 juin, des centaines d’hommes à moto, armés de gourdins et de fouets, avaient attaqué des manifestants anti-police. Des journalistes de l’AFP avaient constaté leur présence sous la protection apparente des forces de sécurité. Certains assaillants avaient même affirmé avoir été payés par des représentants du pouvoir.

Face à cette stratégie de répression déléguée, les critiques se font de plus en plus virulentes. "Chaque fois qu'une manifestation est organisée, ils tuent plus de personnes, ce qui fait que la situation continue de s'alimenter d'elle-même", a déploré l’activiste kényane Nerima Wako.

Un pouvoir sous pression, mais encore solide

La vague de contestation actuelle trouve un écho particulier à l’approche du 7 juillet, date symbolique du combat pour le multipartisme. En 1990, cette journée marquait un tournant dans la lutte contre le régime autoritaire de Daniel arap Moi. Trente-quatre ans plus tard, alors que le président William Ruto – ancien partisan de Moi – est accusé de reproduire les méthodes répressives de l’époque, les mobilisations prennent une dimension historique.

Politiquement, William Ruto conserve une position de force. Il a su tisser une alliance stratégique avec son rival d’hier, Raila Odinga, en vue de la présidentielle de 2027. Mais chaque épisode de répression, chaque mort ou attaque de trop, semble éroder la confiance et renforcer la contestation.

"Le gouvernement de Ruto semble essayer de répéter les années 90, mais nous ne sommes plus dans les années 90", analyse Gabrielle Lynch, spécialiste de la politique africaine à l’université de Warwick. "Les gens sont plus conscients des enjeux, et les réseaux sociaux rendent impossible le silence autour des abus."

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