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Autorisation d'OGM au Kenya: des organisations dénoncent une décision "précipitée"

La décision du gouvernement kényan de revenir sur l'interdiction de l'importation et de la culture d'organismes génétiquement modifiés était "précipitée", ont dénoncé jeudi des activistes et des groupes de pression agricoles, demandant que la prohibition soit "rétablie".

AFRICA RADIO

6 octobre 2022 à 16h36 par AFP

Le gouvernement du nouveau président William Ruto a autorisé lundi l'importation et la culture d'OGM, interdites depuis 2012, pour faire face à la grave sécheresse qui sévit dans le pays. "La décision précipitée de lever l'interdiction d'importation d'OGM dans le pays a été prise sans débat public", selon un communiqué signé jeudi par une dizaine d'organisations, dont Greenpeace Africa. "La sécurité alimentaire ne concerne pas uniquement la quantité mais aussi la qualité de la nourriture", selon le communiqué des organisations, qui ont demandé que "l'interdiction soit rétablie". Le Kenya avait banni en 2012 la culture d'OGM, notamment pour protéger les petites exploitations agricoles, qui représentent la majorité des exploitations dans le pays. Le pays, moteur économique de l'Afrique de l'Est, avait été critiqué après avoir pris cette décision, notamment par les Etats-Unis, importants producteurs d'OGM. Dans un communiqué publié lundi, les autorités kényanes avaient déclaré vouloir "redéfinir significativement l'agriculture au Kenya", et avaient annoncé l'autorisation de "cultures qui sont résistantes aux nuisibles et aux maladies". Les autorités ont affirmé s'être basées sur des avis émanant notamment de l'Organisation mondiale de la santé ou bien encore de la FAO avant de prendre leur décision. Mais pour les activistes et groupes de pression agricoles, cette décision "va ouvrir le marché à des fermiers américains qui reçoivent d'importantes subventions", ce qui risque de fragiliser les petits producteurs kényans. À la tête d'une les plus grandes fortunes du pays, William Ruto, élu en août dernier au terme d'un scrutin serré, a promis de s'attaquer à l'inflation qui frappe notamment les carburants, les produits alimentaires, les semences et les engrais. Le chef de l'Etat, une semaine après son arrivée au pouvoir en septembre, avait divisé par deux le prix des engrais. Ancien ministre de l'Agriculture, M. Ruto a promis de redynamiser le secteur, pilier de l'économie qui pèse 20% du PIB. Le Kenya, moteur économique de l'Afrique de l'Est, subit une sécheresse d'une intensité inédite depuis 40 ans, et la faim y touche au moins 4 millions de personnes sur une population de plus de 50 millions d'habitants. Selon les autorités, la sécheresse touche 23 des 47 contés du pays. Quatre saisons des pluies insuffisantes de suite y ont créé les conditions les plus sèches observées depuis le début des années 1980.