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Centrafrique: nouvelle manifestation pour un référendum constitutionnel

Plus d'un millier de manifestants ont exigé samedi à Bangui la tenue d'un référendum pour modifier la Constitution en Centrafrique et permettre au président Touadéra de briguer un troisième mandat, un projet dénoncé par l'opposition, ont constaté des journalistes de l'AFP.

AFRICA RADIO

6 août 2022 à 17h21 par AFP

Les manifestants, en tee-shirts rouge ou bleu, couleurs du Front républicain, organisateur de la manifestation et proche du pouvoir, ont scandé l'hymne national et brandi des banderoles affirmant "Pour un avenir meilleur, le peuple demande une nouvelle constitution" ou "Touadéra doit continuer". "Je suis là pour soutenir la volonté populaire, notre pays est trop en retard", a expliqué à l'AFP André Zongo-kette, un manifestant. Hippolyte Ngate, secrétaire du Front républicain, y a remis au Premier ministre Félix Moloua, présent avec d'autres membres du gouvernement, une demande officielle pour la tenue d'un référendum. "Le peuple ne veut qu'une chose, la modification de cette constitution qui est caduque(...) Nous demandons une nouvelle constitution adaptée à la réalité du pays", a déclaré M. Ngate. Ce rassemblement a duré toute la matinée pour se terminer à la mi-journée devant le Monument des Martyrs, au centre de la capitale où des dizaines de manifestants ont été rémunérés 15.000 francs CFA (23 euros) par le Front républicain pour avoir participé à la mobilisation, a constaté une journaliste de l'AFP. Début juillet, déjà, des centaines de manifestants avaient exigé une nouvelle Constitution. Officiellement, les manifestants dénoncent notamment le fait que la constitution actuelle empêche les jeunes de moins de 35 ans d'être candidat à la présidentielle, et ne demandent pas ouvertement la possibilité pour le président de faire un troisième mandat. Le gouvernement s'est déjà déclaré favorable à une nouvelle constitution ou à une modification de cette dernière. Le Mouvement Coeurs Unis (MCU) de M. Touadéra avait tenté en mars, lors d'un "dialogue républicain" excluant la rébellion et boycotté par l'essentiel de l'opposition, d'introduire un amendement faisant sauter le verrou du plafond de deux mandats et permettant ainsi au président d'en briguer un troisième en 2025. Le MCU y a finalement renoncé face au tollé provoqué dans la société civile et à la réprobation de la communauté internationale. Les promoteurs de la réforme constitutionnelle pressent M. Touadéra de la faire adopter par référendum. Une révision de la Constitution par l'Assemblée doit, elle, recueillir une majorité qualifiée des deux tiers des députés. M. Touadéra avait été réélu fin décembre 2020 avec 53,16% des suffrages à l'issue d'un scrutin controversé, moins d'un électeur sur trois ayant eu la possibilité d'aller voter en raison de l'insécurité dans un pays en proie à une guerre civile très meurtrière depuis 2013. Lors du scrutin, des groupes armés qui contrôlaient alors deux tiers du pays avaient lancé une offensive pour le renverser, mais le chef de l'État a appelé Moscou à la rescousse. Des centaines de paramilitaires russes ont débarqué en renfort de centaines d'autres déjà présents depuis 2018, et aidé l'armée à repousser les rebelles.