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Crimes contre l'humanité au Liberia: Kunti Kamara va faire appel de sa condamnation

L'ex-commandant rebelle Kunti Kamara va faire appel de sa condamnation à la prison à vie pour actes de barbarie et complicité de crimes contre l'humanité pendant la première guerre civile libérienne (1989-1997), a annoncé jeudi à l'AFP son avocate.

AFRICA RADIO

3 novembre 2022 à 14h06 par AFP

A l'issue d'un procès inédit en France, la cour d'assises de Paris a condamné mercredi soir cet ancien milicien libérien de 47 ans à la réclusion à perpétuité pour une série d'exactions contre les civils en 1993-1994, dont le supplice infligé à un instituteur dont il aurait mangé le coeur, et pour sa passivité face aux viols répétés de deux adolescentes par des soldats placés sous son autorité. "Nous considérons que le verdict est injustifié au regard du dossier mais aussi au regard des autres décisions rendues dans des procès pour crimes contre l'humanité", a déclaré Me Marilyne Secci, en annonçant qu'elle ferait appel. Tout au long des trois semaines de débat, cet ancien commandant du Mouvement uni de libération pour la démocratie (Ulimo) a clamé son innocence et assuré être victime d'un "complot". Face à la cour d'assises, plusieurs plaignants et témoins venus spécialement du Liberia ont toutefois certifié que l'accusé était bien le "C.O Kundi" - pour "commanding officer" - qui aurait contribué à faire régner la terreur dans le nord-ouest du pays, tombé aux mains de l'Ulimo au début des années 1990. D'indicibles atrocités ont été relatées devant la cour : des habitants assassinés en étant contraints d'ingurgiter de l'eau bouillante, le commerce de la viande humaine, des intestins utilisés en guise de checkpoints, un viol au moyen d'une baïonnette trempée dans du sel. L'impunité qui règne encore au Liberia a également traversé les débats. Les crimes de la guerre civile, qui ont fait au total 250.000 morts, n'ont jamais été jugés par le pays où d'anciens chefs rebelles occupent aujourd'hui de hautes fonctions dans l'appareil d'État. Arrêté en région parisienne en septembre 2018, M. Kamara a été jugé à Paris au titre de la "compétence universelle" exercée, sous certaines conditions, par la France pour juger les crimes les plus graves commis hors de son sol. C'est la première fois que ce mécanisme était utilisé pour des faits commis dans un autre pays que le Rwanda.