Inondations en Afrique du Sud: la probabilité de ces fortes pluies accrues par le réchauffement (étude)

Les précipitations extrêmes qui ont provoqué des inondations meurtrières en Afrique du Sud au mois d'avril sont rendues deux fois plus probables avec le changement climatique, estiment des scientifiques dans une étude publiée vendredi.

AFRICA RADIO

13 mai 2022 à 13h06 par AFP

Les chercheurs du World Weather Attribution (WWA), réseau de scientifiques pionniers en matière d'attribution des événements extrêmes au changement climatique, ont croisé données météorologiques et simulations informatiques pour une comparaison historique, en se concentrant sur les précipitations maximales sur deux jours dans la région la plus touchée. "Les résultats ont montré qu'un épisode de précipitations extrêmes comme celui-ci peut désormais se produire environ une fois tous les 20 ans", expliquent les chercheurs dans un communiqué. L'augmentation de la température moyenne en surface de près de 1,2°C depuis l'ère pré-industrielle a en effet doublé la probabilité d'un événement "de cette magnitude", avec une occurrence précédemment d'environ tous les 40 ans. A cause du réchauffement, l'intensité de l'événement a également augmenté, de 4 à 8% selon les auteurs de l'étude. Ces résultats sont conformes aux conséquences du changement climatique sur les précipitations: "à mesure que l'atmosphère se réchauffe, elle peut contenir plus d'eau, ce qui augmente le risque d'averses. Avec de nouvelles émissions de gaz à effet de serre et une augmentation continue des températures, les épisodes de fortes pluies deviendront encore plus fréquents et intenses", rappellent les auteurs. Avec le réchauffement de la planète, la fréquence et l'intensité des inondations dévastatrices provoquées par ces précipitations extrêmes vont augmenter, mais l'ampleur des dommages dépend aussi des politiques d'aménagement du territoire ou de la gestion de l'eau. Les inondations sans précédent qui ont frappé la côte est de l'Afrique du Sud ont fait au moins 435 morts dans la province du KwaZulu-Natal et causé des dégâts d'une valeur de plus d'un milliard de dollars. Les premières victimes ont été les habitants les plus pauvres, alors que les inondations ont rasé des dizaines de maisons de fortune dans les townships de Durban. "Nous constatons une fois de plus que le changement climatique a un impact disproportionné sur les personnes les plus vulnérables", déplore Friederike Otto, de l'Imperial College London, l'une des principales auteurs de l'étude. "Cependant, l'inondation du port de Durban, où les minerais et les récoltes africains sont expédiés dans le monde entier, nous rappelle également que les impacts climatiques ne connaissent pas de frontières. Ce qui se passe à un endroit peut avoir des conséquences importantes ailleurs", a-t-elle souligné dans le communiqué.