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Kenya: la culpabilité de policiers reconnue dans le meurtre brutal d'un avocat

Trois policiers kényans ont été reconnus coupables vendredi du meurtre en 2016 de trois hommes, dont un avocat des droits de l'Homme, une affaire qui avait ému dans ce pays où la police est régulièrement accusée, mais rarement condamnée, d'exécutions extrajudiciaires.

AFRICA RADIO

22 juillet 2022 à 15h06 par AFP

Les trois victimes - le jeune avocat Willie Kimani, son client et leur chauffeur - avaient disparu le 23 juin après une audience au tribunal de Makovo, dans la banlieue de la capitale Nairobi, relative à une affaire dans laquelle un policier était impliqué. Leurs corps mutilés avaient été retrouvés une semaine plus tard dans la rivière Ol Donyo Sabuk, au sud-est de la capitale. Les poignets de Me Kimani avaient été attachés, trois de ses doigts coupés et ses yeux énucléés, selon la presse kényane. Le client du jeune avocat, un chauffeur de moto-taxi, accusait la police de l'avoir harcelé et intimidé afin qu'il abandonne une plainte contre un haut responsable des forces de l'ordre qui, disait-il, lui avait tiré dessus sans raison en avril 2015. Vendredi, un tribunal de Nairobi a reconnu coupables trois policiers et un informateur. Un quatrième policier a été acquitté. "Sur la base des preuves présentées, il n'y avait pas d'autre conclusion raisonnable que leur culpabilité", a déclaré la juge Jessie Lessit en rendant la décision très attendue au Kenya, où la police est régulièrement accusée d'exécutions extrajudiciaires par les organisations de défense des droits de l'Homme kényanes et internationales. Leurs peines seront prononcées ultérieurement. Ils encourent la peine de mort. "Nous espérons que ce jugement marquera une étape pour que la police réponde de ses actes", a réagi sur Twitter l'ONG Commission kényane des droits de l'Homme. Pour la seule année 2020, Amnesty International et d'autres ONG avaient recensé 166 morts imputées aux forces de l'ordre au Kenya, un record depuis la création de telles statistiques en 2007. Les poursuites et condamnations restent cependant rares. Le parlement a créé en 2011 une Autorité indépendante de supervision de la police (IPOA) afin d'assurer un contrôle civil de la police, puissante institution réputée parmi les plus corrompues du pays. Si l'organisme a examiné plus de 6.000 cas d'abus policiers, selon des données couvrant la période allant de sa création à juin 2020, seule une poignée de policiers ont été condamnés à la suite de ces enquêtes.