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Banque africaine de développement: les experts indépendants valident la disculpation d'Adesina

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BAD: la réélection du président Adesina remise en cause par Washington

Akinwumi Adesina, de la consécration à la tourmente à la Banque africaine de développement

Fils de paysan pauvre devenu super-banquier de l'Afrique, le Nigérian Akinwumi Adesina est en pleine tourmente, visé par des accusations de prévarication et une fronde inédite au sein de la Banque africaine de développement (BAD) qu'il préside.

Tard jeudi soir, le couperet est tomb&eacute;: apr&egrave;s deux semaines de tergiversations et des consultations de tous les gouverneurs, la BAD s'est r&eacute;solue, sous la pression des Etats-Unis, &agrave; autoriser une enqu&ecirc;te ind&eacute;pendante sur la proc&eacute;dure interne qui a disculp&eacute; son pr&eacute;sident de graves accusations lanc&eacute;es par un groupe d'employ&eacute;s de la Banque, des "lanceurs d'alerte" anonymes.&nbsp;
Une d&eacute;cision qui fragilise grandement la position de M. Adesina, pourtant seul candidat &agrave; sa r&eacute;&eacute;lection pour un second mandat de cinq ans, accus&eacute; de "comportement contraire &agrave; l'&eacute;thique, enrichissement personnel et favoritisme", entre autres.&nbsp;
"Il y a toujours eu des manoeuvres lors des &eacute;lections du pr&eacute;sident de la BAD, mais un scandale public de cette ampleur, c'est in&eacute;dit", souligne un diplomate, alors que l'&eacute;lection doit se d&eacute;rouler fin ao&ucirc;t.
"La personnalit&eacute; d'Akinwumi Adesina est in&eacute;dite aussi", juge un &eacute;conomiste ivoirien."Il est exub&eacute;rant, sans doute trop visible pour le monde feutr&eacute; de la banque, jusqu'&agrave; donner une impression d'arrogance, de tout se permettre".
Charismatique, beau parleur, anglophone mais parfaitement &agrave; l'aise en fran&ccedil;ais, cet excellent communicateur toujours &eacute;l&eacute;gamment habill&eacute; de costumes et noeuds papillon, a en effet donn&eacute; une visibilit&eacute; internationale &agrave; l'institution panafricaine de d&eacute;veloppement fond&eacute;e en 1964, attirant les capitaux et multipliant les annonces de financements de projets sur le continent.
Un parcours jusque l&agrave; sans faute pour cet &eacute;conomiste sp&eacute;cialiste de l'agriculture et du d&eacute;veloppement, n&eacute; dans une famille de fermiers dans l'Etat d'Ogun (sud-ouest du Nigeria) le 6 f&eacute;vrier 1960, et qui a gravi progressivement les &eacute;chelons.
Dipl&ocirc;m&eacute; d'une licence en &eacute;conomie agricole &agrave; l'universit&eacute; d'Ife (sud-ouest du Nigeria), puis d'un doctorat de la prestigieuse universit&eacute; Purdue aux Etats-Unis en 1988, il occupe des fonctions d&rsquo;&eacute;conomiste&nbsp;dans des institutions agricoles internationales, collabore &agrave; la Fondation Rockefeller, puis devient l'un des dirigeants de l&rsquo;Alliance pour la r&eacute;volution verte en Afrique (Agra).

- Nouveau combat -

En 2011, c'est la cons&eacute;cration politique dans son pays: il est nomm&eacute; ministre de l'Agriculture.Son action pour d&eacute;velopper le secteur agricole sera largement salu&eacute;e, jusqu'&agrave; lui valoir une cons&eacute;cration m&eacute;diatique internationale: il est &eacute;lu "personnalit&eacute; africaine de l'ann&eacute;e" par le magazine Forbes en 2013.
En 2015, il s'empare &agrave; l'issue d'un intense lobbying de la pr&eacute;sidence de la BAD, une des cinq grandes banques multilat&eacute;rales de d&eacute;veloppement, succ&eacute;dant au Rwandais Donald Kaberuka.
Avec le soutien de l'Union africaine (UA) et de la Communaut&eacute; &eacute;conomique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (C&eacute;deao), sa r&eacute;&eacute;lection pour un second mandat semblait assur&eacute;e jusqu'&agrave; il y a six mois.Avant que n'&eacute;clate le scandale.
A 60 ans, Akinwumi Adesina se lance donc dans un nouveau combat, avec son lyrisme habituel, pour d&eacute;fendre son "honneur" et son "int&eacute;grit&eacute;", convoquant la m&eacute;moire de ses "h&eacute;ros" Nelson Mandela, Koffi Annan et Martin Luther King.
Il a assur&eacute; dans un communiqu&eacute; fin mai avoir re&ccedil;u un "&eacute;norme soutien du monde entier".En pratique, seul le pr&eacute;sident nig&eacute;rian Muhammadu Buhari, qui&nbsp;l'a re&ccedil;u &agrave; Abuja mardi, le soutient publiquement.Aucun autre chef d'Etat africain ne s'est prononc&eacute;.
M. Adesina compte en revanche un adversaire de poids &agrave; sa r&eacute;&eacute;lection, les Etats-Unis, suivis par les pays de la zone euro et les pays scandinaves, selon des observateurs.
A l'int&eacute;rieur de la BAD, &agrave; Abidjan o&ugrave; elle si&egrave;ge, les langues se d&eacute;lient depuis quelques mois, des employ&eacute;s reprochant &agrave; M. Adesina ses exc&egrave;s de pouvoir, voire de diriger par la "terreur", ce qui a entra&icirc;n&eacute; une h&eacute;morragie de cadres depuis son arriv&eacute;e.&nbsp;
"Il s'est fait beaucoup d'ennemis en tentant de r&eacute;former la banque, il a notamment beaucoup favoris&eacute; les anglophones par rapport aux francophones", nuance l'&eacute;conomiste ivoirien.
Toujours sous le couvert de l'anonymat, des cadres lui reprochent aussi de communiquer plus que d'agir, et d'embellir de fa&ccedil;on exag&eacute;r&eacute;e son bilan.
Apparemment impertubable, Akinwumi Adesina a d&eacute;clar&eacute; qu'il continuera "&agrave; travailler (...) pour accomplir la mission de nos fondateurs, acc&eacute;l&eacute;rer le d&eacute;veloppement de l'Afrique".&nbsp;

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