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Gabon: l'ex-directeur de cabinet du président dans la tourmente d'une opération anticorruption

La vaste opération anticorruption lancée récemment au Gabon contre son entourage a rattrapé l'ancien tout-puissant directeur de cabinet du président Ali Bongo Ondimba, le Franco-gabonais Brice Laccruche Alihanga, interpellé mardi.

Celui qui, il y a encore quelques semaines, avait consid&eacute;rablement irrit&eacute; une bonne partie des caciques du pouvoir en menant, en l'absence de M. Bongo convalescent apr&egrave;s un accident vasculaire c&eacute;r&eacute;bral (AVC), une tonitruante "tourn&eacute;e r&eacute;publicaine" dans tout le pays, avait &eacute;t&eacute; &eacute;cart&eacute; de la pr&eacute;sidence d&eacute;but novembre, apr&egrave;s une manifeste am&eacute;lioration de la sant&eacute; et une reprise en main du pouvoir par le chef de l'Etat ou son entourage proche, selon les analystes.
Invisible depuis, &agrave; la t&ecirc;te d'un minist&egrave;re sans r&eacute;el pouvoir et apr&egrave;s qu'une bonne dizaine de personnalit&eacute;s proches de lui eurent &eacute;t&eacute; arr&ecirc;t&eacute;es, longuement interrog&eacute;es par les enqu&ecirc;teurs puis, pour 13 d'entre elles, incarc&eacute;r&eacute;es, M. Laccruche Alihanga "a &eacute;t&eacute; interpell&eacute; ce matin &agrave; son domicile", de m&ecirc;me que deux ministres consid&eacute;r&eacute;s comme ses proches et limog&eacute;s du gouvernement, comme lui, lundi soir, a d&eacute;clar&eacute; &agrave; l'AFP mardi le procureur Andr&eacute; Patrick Roponat.
Il s'agit de Tony Ondo Mba, ex-ministre de l'Energie, et No&euml;l Mboumba, ex-ministre du P&eacute;trole.
"Les trois hommes ont &eacute;t&eacute; abondamment cit&eacute;s par des personnes actuellement en d&eacute;tention dans des faits de d&eacute;tournements de deniers publics, de concussion et de blanchiment de capitaux", a ajout&eacute; le magistrat.
C'est "une plainte de l'agence judiciaire, qui est une agence de l'Etat, qui a conduit &agrave; ces interpellations", a tenu &agrave; pr&eacute;ciser &agrave; l'AFP le procureur Roponat.

- Limog&eacute; &agrave; la surprise g&eacute;n&eacute;rale -

Directeur de cabinet depuis plus de deux ans, M. Laccruche Alihanga, 39 ans, &eacute;tait devenu litt&eacute;ralement l'homme fort du pouvoir depuis que M. Bongo, chef de l'Etat depuis 10 ans, avait &eacute;t&eacute; affaibli par un AVC en octobre 2018, avant d'&ecirc;tre longtemps en convalescence &agrave; l'&eacute;tranger, puis au Gabon.
M. Laccruche Alihanga avait &eacute;t&eacute; limog&eacute; &agrave; la surprise g&eacute;n&eacute;rale d&eacute;but novembre de son poste de directeur de cabinet du pr&eacute;sident, avant d'&ecirc;tre nomm&eacute; dans la foul&eacute;e &agrave; la t&ecirc;te d'un myst&eacute;rieux minist&egrave;re "charg&eacute; du Suivi de la strat&eacute;gie des investissements humains et des objectifs de d&eacute;veloppement durable".
Il avait perdu son portefeuille dans un remaniement lundi soir, qui a remis en selle des ministre eux-m&ecirc;mes limog&eacute;s lors des incessantes refontes du gouvernement, survenues lorsqu M. Laccruche Alihanga dirigeait le cabinet d'Ali Bongo.
De nombreuses personnalit&eacute;s proches de M. Laccruche Alihanga ont &eacute;t&eacute; la cible, ces derni&egrave;res semaines, d'une vaste op&eacute;ration anticorruption qui a d&eacute;j&agrave; conduit une dizaine d'entre elles en d&eacute;tention pr&eacute;ventive.M. Laccruche Alihanga "est actuellement entendu" par les enqu&ecirc;teurs a pr&eacute;cis&eacute; le procureur.
"En tout, et sans compter les interpellations de ce matin, il y a bien eu 13 personnes plac&eacute;es sous mandat de d&eacute;p&ocirc;t" depuis le d&eacute;but de l'op&eacute;ration anticorruption, a ajout&eacute; le magistrat.
"Deux sont en libert&eacute; provisoire, six ont &eacute;t&eacute; mises hors de cause" et le propre fr&egrave;re de l'ex-directeur de cabinet, Gr&eacute;gory Laccruche, maire d'Akanda, une commune limitrophe de Libreville, "est toujours en garde &agrave; vue", selon M. Roponat.
Depuis quelques semaines, alors que M. Bongo, apr&egrave;s sa longue absence de la sc&egrave;ne politique, multipliait les apparitions, certaines voix au sein de la majorit&eacute; pr&eacute;sidentielle, longtemps rest&eacute;es muettes, avaient commenc&eacute; &agrave; critiquer l'ascension fulgurante de M. Laccruche, ainsi que le placement de ses proches &agrave; des postes clefs.

- "Int&eacute;grit&eacute; et loyaut&eacute;" -

Lundi soir, le Premier ministre Julien Nkoghe Bekale a soulign&eacute; au nom du chef de l'Etat, en annon&ccedil;ant son nouveau gouvernement, l'importance de s'entourer d'"hommes et de femmes alliant comp&eacute;tence, exp&eacute;rience, int&eacute;grit&eacute; et loyaut&eacute;".&nbsp;
Selon le journal pro-gouvernemental L'Union, le ministre d&eacute;chu de l'Energie Tony Ondo Mba, avait &eacute;t&eacute; employ&eacute; par la Dupont Consulting Company, une entreprise priv&eacute;e administr&eacute;e par Gregory Laccruche et vis&eacute;e par l'op&eacute;ration anticorruption lanc&eacute;e mi-novembre.
Cette vaste enqu&ecirc;te a conduit &agrave; l'incarc&eacute;ration notamment de Patrichi Tanasa, administrateur-directeur g&eacute;n&eacute;ral de l'entreprise publique Gabon Oil Company (GOC), &eacute;galement proche de M. Laccruche.
Selon L'Union, en deux ans, 85 milliards de francs CFA (129 millions d'euros) se sont "volatilis&eacute;s".
Ike Ngouoni, porte-parole de la pr&eacute;sidence et consid&eacute;r&eacute; comme le bras droit de M. Laccruche, a &eacute;t&eacute; plac&eacute; en d&eacute;tention provisoire depuis vendredi pour des accusations sans rapport avec l'affaire liant GOC &agrave; Dupont Consulting Company, affirme son avocate, Carole Moussavou.
Plusieurs responsables des renseignements et de l'appareil s&eacute;curitaire, proches de M. Laccruche, ont &eacute;galement &eacute;t&eacute; remplac&eacute;s ces derni&egrave;res semaines.
Des avocats des mis en cause, ont d&eacute;nonc&eacute; une "vendetta politique", le Premier ministre r&eacute;torquant qu'il ne s'agissait "ni d'une chasse aux sorci&egrave;res, ni d'un r&egrave;glement de comptes".

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