La libre antenne du vendredi

Problème de visas

"Coronavirus eza te!": en RDC, la prévention au défi du déni et des agressions

Dans l'Est de la RD Congo, le Covid-19 vient aggraver une longue liste de fléaux

RDC: le coronavirus arrive en prison, risque de "catastrophe"

Virus en RDC: à Kinshasa, la Gombe isoléee, les vendeurs de rue désolés

Coronavirus : Kinshasa isole son centre névralgique, dernière mesure en date en Afrique

Virus en RDC: confinement total du centre des affaires de Kinshasa

Le virologue congolais Jean-Jacques Muyembe, d'une épidémie à l'autre

Si la lutte contre l'épidémie est une guerre, lui est un général d'armée sur deux fronts à la fois: en République démocratique du Congo, le Dr Jean-Jacques Muyembe s'apprête à célébrer lundi une victoire contre Ebola, une parenthèse dans la course contre le nouveau coronavirus.

A 78 ans, le virologue congolais est pass&eacute; d'une &eacute;pid&eacute;mie &agrave; l'autre, avec en prime une pol&eacute;mique sur les vaccins contre le Covid-19 que ce "digne fils du pays" a lui-m&ecirc;me provoqu&eacute;e.
Sa d&eacute;claration sur de possibles essais en RDC a brouill&eacute; aupr&egrave;s d'une partie des Congolais l'image de ce "grand expert de la gestion des &eacute;pid&eacute;mies" comme le qualifie son compatriote, le gyn&eacute;cologue Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018.
Cet homme discret, modeste et souriant, qui fait facilement 10 ans de moins que son &acirc;ge avec ses &eacute;ternels favoris et ses chemises Vichy, travaille sur la maladie &agrave; virus Ebola depuis son identification en 1976 dans son pays, pr&egrave;s de la rivi&egrave;re du m&ecirc;me nom.
Depuis juillet 2019, il coordonne la "riposte" &agrave; la dixi&egrave;me &eacute;pid&eacute;mie de cette fi&egrave;vre h&eacute;morragique sur le sol congolais, avec succ&egrave;s: l'Organisation mondiale de la Sant&eacute; (OMS) doit officiellement en proclamer la fin lundi, apr&egrave;s bien des d&eacute;boires.
Avec 2.273 morts, c'est la deuxi&egrave;me plus grave &eacute;pid&eacute;mie d'Ebola depuis la d&eacute;couverte du virus, &agrave; laquelle le Dr Muyembe a contribu&eacute;, au sein d'une &eacute;quipe internationale.

- "A mains nues"-

En septembre 1976, le jeune docteur en virologie, dipl&ocirc;m&eacute; de l'universit&eacute; de Louvain (Belgique), est envoy&eacute; dans le nord de l'ex-Za&iuml;re pour &eacute;tudier une maladie encore inconnue qui frappe la r&eacute;gion de Yambuku.
"Nous travaillions &agrave; mains nues, sans v&ecirc;tements de protection.J'ai pr&eacute;lev&eacute; des &eacute;chantillons de foie sur deux cadavres, &agrave; l'aide d'une tige m&eacute;tallique.Si je ne m'&eacute;tais pas lav&eacute; les mains, je serais mort", raconte-t-il.
Il s'int&eacute;resse plus particuli&egrave;rement &agrave; l'une des malades, une religieuse belge, dont un &eacute;chantillon sanguin est envoy&eacute; &agrave; l'Institut de m&eacute;decine tropicale d'Anvers, en Belgique, dans un simple thermos remplie de glace (l'une des deux &eacute;prouvettes se cassera pendant le voyage).
"C'est &agrave; partir de l'&eacute;chantillon de cette religieuse que le Dr Peter Piot a isol&eacute; pour la premi&egrave;re fois le virus Ebola", affirme le docteur congolais.
Envoy&eacute; &agrave; Kinshasa, le chercheur belge Peter Piot relate dans ses m&eacute;moires avoir crois&eacute; d&egrave;s son arriv&eacute;e dans une r&eacute;union "Jean-Jacques Muyembe, un brillant jeune professeur za&iuml;rois de microbiologie, pour lequel je d&eacute;velopperai un profond respect par la suite".
Depuis 1976, les &eacute;pid&eacute;mies d'Ebola ont rythm&eacute; la vie de l'actuel directeur de l'Institut national de recherche biom&eacute;dicale (INRB) de Kinshasa: "J'ai &eacute;t&eacute; pr&eacute;sent pour chacune d'elles.J'ai consacr&eacute; toute ma vie et toute ma carri&egrave;re &agrave; lutter contre Ebola".
A la r&eacute;apparition du virus en 1995 &agrave; Kikwit (sud-ouest), le professeur Muyembe tente une exp&eacute;rience: "Mon &eacute;quipe a pr&eacute;lev&eacute; du sang chez des survivants et la administr&eacute; &agrave; huit patients infect&eacute;s par le virus.Sept d'entre eux ont gu&eacute;ri".
Lorsque se d&eacute;clare l'actuelle &eacute;pid&eacute;mie d'Ebola en ao&ucirc;t 2018, le directeur de l'INRB travaille d'abord dans l'ombre du ministre de la Sant&eacute; de l'&eacute;poque, le Dr Oly Ilunga, un m&eacute;decin de la diaspora aujourd'hui condamn&eacute; pour d&eacute;tournement de fonds et qui clame son innocence depuis sa cellule de prison en accusant l'un de ses collaborateurs.

- "Cobayes"-

Face au nouveau coronavirus, dont le premier cas est d&eacute;clar&eacute; le 10 mars en RDC, c'est tout naturellement que le pr&eacute;sident F&eacute;lix Tshisekedi fait de nouveau appel &agrave; celui qu'il appelle un "digne fils du pays".
Rod&eacute; &agrave; l'exercice, le professeur Muyembe reprend alors d'interminables r&eacute;unions avec les bailleurs de fonds, effa&ccedil;ant tr&egrave;s rapidement le nouveau ministre de la Sant&eacute; Eteni Longondo.
Personne ne contestait l'autorit&eacute; du patriarche des &eacute;pid&eacute;mies, jusqu'&agrave; sa petite phrase il y a une semaine.
"Le vaccin sera produit soit aux &Eacute;tats-Unis, soit au Canada, soit en Chine.Nous, nous sommes candidats pour faire les essais ici chez nous", a-t-il dit.
Marche arri&egrave;re toute dans les heures qui suivent, devant l'indignation d'une partie des Congolais et des Africains d&eacute;j&agrave; tr&egrave;s remont&eacute;s apr&egrave;s le propos "provocateur" d'un m&eacute;decin fran&ccedil;ais sugg&eacute;rant de faire du continent un vaste terrain d'&eacute;tude.
"Mon intention n'&eacute;tait pas d'affirmer que nous allons commencer la vaccination en RDC, sans qu'il soit test&eacute; en Am&eacute;rique ou ailleurs.Je suis moi-m&ecirc;me congolais et je ne permettrais jamais qu'on utilise les Congolais comme cobayes", tente de corriger le "g&eacute;n&eacute;ral" Muyembe.La RDC a officiellement d&eacute;clar&eacute; 215 cas de nouveau coronavirus, pour 20 d&eacute;c&egrave;s et 13 gu&eacute;risons.

Le virologue congolais Jean-Jacques Muyembe, d'une épidémie à l'autre

Si la lutte contre l'épidémie est une guerre, lui est un général d'armée sur deux fronts à la fois: en République démocratique du Congo, le Dr Jean-Jacques Muyembe s'apprête à célébrer lundi une victoire contre Ebola, une parenthèse dans la course contre le nouveau coronavirus.

Podcast

La libre antenne du vendredi

Problème de visas

A lire aussi

"Coronavirus eza te!": en RDC, la prévention au défi du déni et des...

Dans l'Est de la RD Congo, le Covid-19 vient aggraver une longue...

RDC: le coronavirus arrive en prison, risque de "catastrophe"

Virus en RDC: à Kinshasa, la Gombe isoléee, les vendeurs de rue...

Coronavirus : Kinshasa isole son centre névralgique, dernière...

Virus en RDC: confinement total du centre des affaires de Kinshasa