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Somaliland: l'opposition ne reconnaît plus le président après l'expiration de son mandat

Les deux principaux partis d'opposition de la région somalienne séparatiste du Somaliland ont annoncé qu'ils ne reconnaissaient plus le président du territoire, dont le mandat, arrivé à son terme dimanche, a été prolongé de deux ans le mois dernier.

AFRICA RADIO

13 novembre 2022 à 20h21 par AFP

Les Guurti, conseils d'anciens non élus représentant les tribus traditionnelles et formant la chambre haute du Parlement de la région dont les décisions ne sont d'habitude pas contestées, ont annoncé le 1er octobre avoir prolongé de deux ans le mandat de Muse Bihi Abdi, quelques jours après le report de plusieurs mois de l'élection présidentielle prévue pour le 13 novembre. "Le mandat de l'actuel président (...) s'est terminé aujourd'hui", ont déclaré dans un communiqué les deux principaux partis d'opposition, Wadani et UCID, avant de poursuivre: "à partir d'aujourd'hui, nous ne reconnaissons pas la légitimité du président Muse Bihi Abdi et de son gouvernement". Les deux partis d'opposition, se disant attachés à "l'unité du pays" et à la "démocratie", ont appelé leurs partisans "à la retenue et au calme". Les autorités n'avaient pas encore réagi dimanche soir à cette annonce. Muse Bihi Abdi a été élu président de cette République autoproclamée de la Corne de l'Afrique en novembre 2017, pour cinq ans. Une nouvelle élection devait se tenir le 13 novembre, mais le président de la commission électorale a annoncé le 24 septembre qu'elle ne pouvait se tenir à la date prévue pour des "raisons techniques et financières". L'opposition avait annoncé début octobre son rejet de la prolongation du mandat du chef de l'État. Ce rejet de l'extension du mandat alimente les inquiétudes quant à un possible retour des tensions dans la région. En août, plusieurs personnes avaient été tuées et des dizaines blessées après que la police a tiré sur des manifestants opposés au gouvernement. Les partis d'opposition avaient alors accusé les autorités de chercher à retarder l'élection présidentielle prévue en novembre. International Crisis Group (ICG) avait appelé jeudi les partenaires internationaux du Somaliland à "pousser les élites politiques pour tracer une voie consensuelle, proposer une médiation en cas d'échec et se porter volontaires pour servir de garants pour toute résolution qui émerge". Ce n'est pas la première fois qu'une élection présidentielle, censée se dérouler tous les cinq ans, est reportée au Somaliland. Celle prévue en 2015 s'était ainsi tenue deux ans plus tard, en 2017, à cause de la sécheresse et de contingences techniques. Ancien territoire britannique, le Somaliland a déclaré son indépendance de la Somalie en 1991, acte non reconnu par la communauté internationale. Cette région de 4,5 millions d'habitants est restée depuis lors pauvre et isolée. Mais elle a connu une relative stabilité alors que la Somalie a été ravagée par des décennies de guerre civile et d'insurrection islamiste.