Cop 29 : Yero Sarr, activiste écologiste : "Il faut qu'on mette l'humain au centre des priorités"

Actus. La Cop 29 s’est achevée dimanche 24 novembre en Azerbaïdjan. Il a été décidé que les pays développés devaient s'engager à augmenter de 100 à 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 leur engagement de financement pour les pays en développement. Un montant insuffisant pour ces derniers. Pour Yero Sarr, initiateur du mouvement "Fridays for future", au Sénégal, cette Cop "n'a pas été à la hauteur des attentes".

Cop 29 : Yero Sarr, activiste écologiste : "Il faut qu'on mette l'humain au centre des priorités"
L'activiste écologiste Yero Sarr réagit à l'accord négocié à la COP 29.


Écoutez Yero Sarr

La Cop 29 s'est achevée le 24 novembre en Azerbaïdjan. Les pays développés  se sont engagés  à augmenter de 100 à 300 milliards de dollars par an leur engagement de financement pour les pays en développement. Cependant, ces derniers ont jugé que cela était insuffisant : ils  demandaient un financement à hauteur de 1,300 milliards de dollars. Et vous que retenez-vous de cette COP et est-ce que vous jugez que les annonces faites sont suffisantes ? 

Je pense qu’on est tous, acteurs pour la lutte contre le changement climatique, unanimes sur le point que cette Cop n'a pas été à la hauteur des attentes, même si les attentes n'étaient pas assez grandes, le fait aussi de l'endroit où ça a été organisé et les conditions dans laquelle elle a été organisée et surtout aussi les points qui ont été mis sur la table. 

Donc 300 milliards, 400 milliards, ça ne semble pas être grand-chose, vu qu'on ne touche pas réellement le cœur du problème. Et encore une fois, on s'est retrouvé dans une situation où l'argent a été mis en première position, sans pour autant prendre en compte les réalités réelles de la situation. 

C'est quoi le cœur du problème selon vous ? À quoi faites-vous référence ? 

Nous savons tous qu’aujourd'hui la question des énergies fossiles aurait dû être au cœur même des préoccupations, parce que c'est l’unique voie qui nous permettra de pouvoir être en deçà de 1,5°C et surtout de réduire les impacts liés au changement climatique. 

Mais si on n’attaque pas le problème, qu’on pense simplement à s'adapter, qu’on pense simplement à financer et on continue de polluer, ça ne mènera à rien vu que la pollution continuera et l’impact sur l'atmosphère sera de plus en plus accru. 

Depuis deux COP, la question  des énergies fossiles n’est pratiquement pas évoquée. 

Qu'est-ce qui explique ce tabou autour de la question des énergies fossiles ?

Je ne considérerais pas ça comme un tabou. C'est juste que la force des choses et surtout les lobbyistes, comme on aime les appeler, et avec l’appui de certains États forts, font tout leur possible pour ne pas parler de la situation.

Imaginez une Cop en Égypte, une Cop à Dubaï, aujourd'hui à Bakou, alors qu'ils sont pratiquement des grands pays pétroliers ou gaziers, pour certains. 

On ne peut pas, dans une telle atmosphère, avoir des mesures fortes, le processus étant déjà biaisé et ils font tout pour ne pas mettre ces points là sur la table. 

Il y a eu différents acteurs présents à cette Cop et j'aimerais qu'on s'arrête un moment sur les chefs d'État notamment les chefs d'État africains. En marge de cette Cop, le 14 novembre, certains d'entre eux se sont réunis lors d'une réunion intitulée “Mesurer la richesse verte de l'Afrique”. Il  semble y avoir une prise de conscience collective : il y a eu , en 2023, un Sommet africain pour le climat, il y a eu aussi le Sommet des Trois Bassins au Congo. Est-ce que vous voyez une évolution concernant l'engagement des États africains sur les questions climatiques ? 

L’année dernière, à cette même période-là, si la question était posée, j'aurais répondu que oui. Mais cette année, j'ai été très déçue quand j'ai vu qu'on n'avait pas pu organiser encore un nouveau Sommet africain pour le climat, parce que ce Sommet-là avait pour but principal de fédérer nos voix, afin de pouvoir parler d'une seule voix pour toute l’Afrique. 

Au-delà de ça, il y a un point sur lequel j’aimerais revenir :  on est en train de jouer à un jeu très dangereux avec ces histoires de crédit carbone. 

Quand on parle de mesurer la richesse verte de l'Afrique, l'idée derrière, même si on ne le dit pas, c'est de mettre en exergue ces forêts que nous avons et de dire aux autres de continuer de polluer car nous avons assez de forêts qui pourront capter ces pollutions et dire aux autres de donner de l’argent à  titre de compensation.

Ce n’est pas la voie qu'il faut utiliser, parce que l'idée principale et la seule solution, c'est de réduire les émissions.

Aujourd'hui, on est en train de laisser la voie à une chose qui est assez dangereuse, on est en train de cautionner des choses qu'on ne devait pas cautionner. C'est l’une des positions que je fustige. 

On n’est pas une poubelle carbone. 

 

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