Cette année, le concours Miss Côte d’Ivoire, l’un des plus emblématiques du continent africain, amorce un virage radical. Pour les phases préliminaires organisées dans 13 villes du pays (et deux autres à l’étranger pour la diaspora), une règle inédite s'impose : interdiction totale des perruques, extensions et tissages. Objectif affiché ? Valoriser une beauté naturelle, sans filtres ni artifices.
"On veut que les candidates soient naturelles, qu’elles aient des tresses ou les cheveux lissés, mais que ce soit les leurs", explique Victor Yapobi, président du comité d’organisation, dans une interview à la BBC.
Cette démarche s'inscrit dans un projet plus global : celui de redéfinir les critères de beauté et d’alléger les contraintes financières souvent écrasantes pour les candidates.
Les Miss au naturel : un pari audacieux (et payant ?)
L’initiative ne fait pas l’unanimité, mais elle soulève un vrai débat de société. Pour Emmanuella Dali, candidate à Daloa, cette nouvelle donne est une bouffée d’air : "Ce règlement me donne plus de fierté en tant que femme – en tant que femme africaine", confie-t-elle à la BBC.
A l’opposé, certaines concurrentes comme Astrid Menekou, make-up artist et fan assumée de perruques, ont d’abord été déroutées : "Je n’étais pas prête pour cette règle ! Mais maintenant ? J’aime mes cheveux, et ça me va."
Moins de paillettes, plus d’égalité : la beauté repensée
Le règlement 2025 ne se limite pas à la question capillaire. Autres nouveautés : l’âge limite est repoussé à 28 ans, la taille minimale abaissée à 1m67, et le prix d’inscription réduit de plus de 30 dollars. Un geste fort pour permettre à plus de jeunes femmes de participer sans casser leur tirelire.
"On a observé que ces jeunes femmes dépensaient beaucoup, trop même. C'était devenu un gouffre financier", souligne Victor Yapobi.
L’économie du cheveu en péril ?
Si ce changement fait vibrer les réseaux sociaux, il inquiète aussi une partie du secteur de la coiffure. Car en Côte d’Ivoire, l’industrie capillaire pèse plus de 300 millions de dollars par an, avec les perruques et tissages au cœur de ce business florissant.
"Cette règle n’est pas bonne pour nous, déplore Ange Sea, coiffeuse à Daloa. On gagne beaucoup plus quand on travaille avec les perruques."
Et les prix peuvent vite grimper : de 10 à 300 dollars pour les synthétiques, jusqu’à 4 000 dollars pour une perruque en cheveux naturels bien entretenue.
Une révolution capillaire en phase avec son époque
Depuis une dizaine d’années, le mouvement pour le retour au naturel gagne du terrain dans les diasporas africaines. Sur TikTok et Instagram, les influenceuses aux cheveux crépus partagent leurs routines, conseils et fierté de porter leurs boucles sans complexe.
Mais en Côte d’Ivoire, le chemin reste long : "Allumez la télé ici, vous verrez que presque toutes les journalistes portent des perruques", note Florence Edwige Nanga, spécialiste du cuir chevelu à Abidjan.
Elle rappelle aussi les risques qui existent : alopécie, infections du cuir chevelu, et autres désagréments peuvent être liés aux coiffures trop contraignantes.
Un concours transformé… pour transformer les mentalités ?
Au-delà de la scène, Miss Côte d’Ivoire 2025 pourrait bien devenir un catalyseur culturel. En mettant à l’honneur la beauté naturelle, le concours pose une question essentielle : qui définit ce qu’est la beauté ?
"L’an dernier, j’avais des extensions parce que je pensais que c’était ça, être belle, admet Laetitia Mouroufie, 25 ans. Cette année, je me sens plus confiante en étant moi-même."
Victor Yapobi l’assure : les retours sont "extraordinaires", venus "même de l’étranger".
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