À un peu plus de quatre mois de la présidentielle en Côte d’Ivoire, la tension monte. Samedi 14 juin, plusieurs milliers de militants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) ont manifesté pacifiquement à Abidjan pour dénoncer l’exclusion de leur leader, Tidjane Thiam, de la liste électorale. Radié pour des motifs de nationalité jugés « injustifiés » par ses soutiens, l’ancien banquier international est désormais dans l’impossibilité de se présenter au scrutin du 25 octobre.
Brandissant des pancartes à l’effigie de leur chef et vêtus de vert et blanc, les manifestants ont défilé jusqu’au siège de la Commission électorale indépendante (CEI), malgré une pluie battante. « Tithi président », « CEI corrompue », « justice corrompue », scandaient-ils, avant d’être bloqués à quelques centaines de mètres du bâtiment par un imposant cordon policier. Aucun affrontement n’a été signalé.
Un rejet politique selon l’opposition
« Nous sommes venus crier notre ras-le-bol. Il faut que ça change », lançait Agnero Gnagne, militant de longue date. Pour Stéphane Brou Kouakou, membre du PDCI depuis 2000, « l’exclusion de Tidjane Thiam est une décision purement politique ».
Depuis l’étranger, où il se trouve depuis plusieurs semaines en invoquant des menaces sur sa liberté de mouvement, Tidjane Thiam a salué la mobilisation dans une déclaration vidéo : « Il ne s’agit pas seulement de moi. C’est un mouvement pour que la démocratie règne dans notre pays. »
La CEI dans le viseur, le pouvoir se défend
À l’issue de la manifestation, une délégation du PDCI a pu rencontrer les responsables de la CEI pour leur remettre une lettre de protestation. Son secrétaire exécutif, Sylvestre Emmou, a dénoncé « la radiation arbitraire et injustifiée » de Tidjane Thiam et d’autres figures de l’opposition. Il y voit « des manœuvres pour éliminer des adversaires politiques importants au moyen d’artifices juridiques inopérants ».
Outre Tidjane Thiam, plusieurs autres personnalités majeures de l’opposition, dont l’ex-président Laurent Gbagbo, son ancien ministre Charles Blé Goudé et l’ex-Premier ministre Guillaume Soro, sont également écartés du processus électoral pour des condamnations judiciaires passées.
Régulièrement accusée de partialité, la CEI nie toute collusion avec le pouvoir. De son côté, le gouvernement affirme n’exercer aucune pression sur les décisions de justice.
Une présidentielle sous haute tension
Cette mobilisation survient alors que le président sortant, Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, entretient encore le flou sur une possible candidature à un quatrième mandat. Il devrait être officiellement investi par son parti, le RHDP, lors de son congrès prévu les 21 et 22 juin. Dans un climat politique de plus en plus crispé, les exclusions successives d’opposants accentuent les craintes d’une élection verrouillée, en l’absence de figures majeures du jeu démocratique ivoirien.
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