Lunettes vissées sur le nez et cheveux recouverts d'un foulard orange, Samia Suluhu Hassan s'est rendue à son bureau de vote, dans la matinée de ce mercredi 29 octobre à l'occasion des élections générales.
Première présidente dans l'histoire du pays, elle brigue un second mandat, qu'elle pourrait bien gagner haut-la-main. Face à elle se trouvent 16 autres candidats mais la campagne présidentielle a été marquée par l’exclusion des deux principaux partis d'opposition, Chadema et ACT-Wazalendo.
Le principal parti d'opposition, Chadema, a été exclu des élections pour avoir refusé de signer le Code de conduite électoral, qui selon lui n'incluait pas les réformes qu'il exigeait. Son leader Tundu Lissu, arrêté en avril pour trahison, et qui était rentré en Tanzanie en 2023 après des années d'exil, risque la peine de mort.
Plusieurs cadres de Chadema ont été arrêtés ou ont disparu depuis un an. L'un d'entre eux, Ali Mohamed Kibao, a été retrouvé mort, son corps préalablement roué de coups ayant été aspergé d'acide, en septembre 2024.
Quant au leader de l'ACT-Wazalendo, Luhaga Mpina, la commission électorale tanzanienne a invalidé sa candidature par deux fois. Des événements qui ont suscité des critiques de la part de l'opposition et de certaines ONG, qui ont accusé la présidente et son parti de répression.
Début en politique dans les années 2000
Née le 27 janvier 1960 dans l'île semi-autonomie de Zanzibar, d'un père instituteur et d'une mère au foyer, Samia Suluhu Hassan est diplômée d'un master en "développement économique communautaire" dans le New Hampshire (Etats-Unis).
Elle débute sa carrière au sein du gouvernement de l'île semi-autonome de Zanzibar, où elle travaille d'abord à des fonctions administratives, puis à un poste de responsable du développement. Là-bas, elle rejoint de le Programme alimentaire mondial de l'ONU en tant que cheffe de projet, puis dirige l'association des ONG de
l'archipel, Angoza.
Sa carrière politique démarre en 2000, lorsqu'elle est nommée membre du Parlement de Zanzibar par le parti présidentiel tanzanien Chama Cha Mapinduzi (CCM), au pouvoir depuis l'indépendance. Elle est plus tard élue à l'Assemblée nationale tanzanienne. Elle deviendra ensuite plusieurs fois minitre à Zanzibar (Femmes et Jeunesse,
puis Tourisme et Commerce) entre 2000 et 2010, et au niveau national à partir de 2014 comme ministre des Affaires de l'Union, auprès de l'ancien président Jakaya Kikwete.
Première vice-présidente de l'histoire du pays
En 2015, elle est la colistière de John Magufuli, qui dirigera le pays d'une main de fer jusqu'à sa mort en 2021. Son accès à la magistrature suprême l’expose à des propos sexistes et à une remise en cause de sa légitimité. « Même certains de mes employés du gouvernement m'ont d'abord méprisée, me considérant simplement comme une autre femme, mais ils ont fini par accepter mon leadership », confiait-elle à la BBC.
Après le décès de John Magufuli, elle est dans un premier temps saluée pour avoir assoupli les restrictions instaurées par ce dernier. Certains opposants rentrent d'exil. Mais deux ans après son arrivée au pouvoir, celle qui est surnommée « Maman Samia » par ses partisans, en signe de respect, et dont le style de leadership est qualifié de « calme et diplomatique » par ses anciens collaborateurs, est accusée de dérive autoritaire du pouvoir.
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