Wole Soyinka a tenu un conférence de presse durant laquelle il a révélé que le consulat américain avait annulé son visa. "Je tiens à assurer le consulat... que je suis très satisfait de l'annulation de mon visa", a déclaré le célèbre dramaturge et auteur nigérian, âgé de 91 ans, icône de la littérature africaine, et grande figure d'opposition aux dictatures militaires au Nigeria.
Un peu plus tôt cette année, il avait indiqué avoir été convoqué par le consulat américain pour un entretien dans le cadre d'un renouvellement de son visa. Il bénéficiait auparavant d'un statut de résident permanent aux Etats-Unis même s'il avait détruit sa Carte verte (Green Card) après la première élection de Donald Trump en 2016.
Selon une lettre adressée à l'auteur par le consulat, les responsables ont cité les règlements du département d'Etat qui permettent d'"annuler un visa de non-immigrant à tout moment, à sa discrétion".
En lisant la lettre à haute voix devant des journalistes à Lagos, le Nobel a déclaré que les responsables lui avaient demandé d'apporter son passeport au consulat afin que son visa puisse être annulé. Il a plaisanté en disant que c'était "une lettre d'amour plutôt curieuse venant d'une ambassade", tout en conseillant à toute organisation espérant l'inviter aux Etats-Unis de "de pas perdre leur temps". "Je n'ai pas de visa. Je suis interdit d'entrée", a-t-il poursuivi. Le dramaturge a enseigné et reçu des distinctions de grandes universités américaines, notamment Harvard et Cornell.
Des relations tendues avec Washington
L'administration Trump a fait de l'annulation des visas un élément clef de sa lutte contre l'immigration, ciblant notamment les étudiants qui s'exprimaient sur les droits palestiniens.
Interrogé sur la possibilité de retourner aux Etats-Unis, M. Soyinka a répondu: "Quel âge ai-je?". Il a cependant laissé la porte ouverte à une invitation si les circonstances changeaient, mais a ajouté: "Je ne prendrais pas l'initiative moi-même car il n'y a rien que je cherche là-bas. Rien."
Wole Soyinka est l'auteur d'une soixantaine de pièces, poèmes, essais, études critiques, récits autobiographiques ("Ake", "Ibadan, les années pagaille" etc) ainsi que de trois romans ("Les interprètes", "Une saison d'anomie" et "Chroniques du pays des gens les plus heureux du monde").
Il a incarné une génération d'écrivains noirs anglophones, comme Chinua Achebe, qui avaient pris, dès les années 1960, leurs distances avec le concept de "négritude", mouvement lancé par des francophones comme le Martiniquais Aimé Césaire ou le Sénégalais Léopold Sédar Senghor avant la Seconde Guerre mondiale. Wole Soyinka préférait l'idée de "tigritude".
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