Les besoins humanitaires sont immenses et les financements manquent cruellement. Accompagné par le Togo, Paris organise jeudi 30 octobre une conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs, avec l’intention de résorber la crise humanitaire en République démocratique du Congo.
La RDC, comme le reste du monde, pâtit de la crise des financements. Creusé par la suspension de l’aide américaine — qui représentait à elle seule 70 % du budget international pour l’année 2024 — le déficit budgétaire ne cesse de s’aggraver. Il a été accentué par la tendance des pays européens, tels que la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique, à réduire leur budget destiné à l’aide au développement pour faire des économies.
Violences et insécurité
Depuis le début de l’année 2025, l’intensification des affrontements entre groupes armés — notamment le M23 soutenu par le Rwanda, les Wazalendo milices pro-gouvernementales et les FDLR groupe hutu historique — a plongé les provinces de l’est de la RDC dans un cycle de violences ininterrompu.
Ces conflits, souvent marqués par des attaques ciblées contre les civils, des pillages et des destructions d’infrastructures, exacerbent une situation humanitaire déjà précaire. Les populations, prises au piège des combats, subissent des déplacements répétés, privées d’accès aux champs, aux marchés et aux services de base. Les femmes et les enfants, particulièrement vulnérables, sont exposés à des risques accrus de violences sexuelles, de recrutement forcé et de traumatismes psychologiques.
Faute de soutien monétaire adapté, les ONG fonctionnent “depuis le début de l’année au ralenti”, décrit Luc Lamprière, représentant du Forum des ONG internationales en RDC. Le système humanitaire international subit les restrictions économiques “les plus importantes jamais subies”, signale l’Ocha, l’organisme des Nations unies chargé des affaires humanitaires. Une somme d’1 milliard de dollars est attendue lors de cette événement par le représentant, soit le double des financements perçus cette année.
L’accès à l’espace humanitaire est dégradé
“Chaque jour, l’espace humanitaire se réduit un peu plus”, déplore le docteur De-Joseph Kakisingi, président du Conseil National des Fora d’ONG humanitaires et de développement en RDC (CONAFOHD). Cette zone est conçue pour procurer aux acteurs sur le terrain un accès aux victimes en toute sécurité, afin de permettre des distributions d’aide humanitaire et d’offrir un lieu de protection.
Depuis le début de l’année, plus de 1,6 million de personnes ont été forcées de fuir les violences des conflits, portant le total des déplacés internes à 5,28 millions de personnes, selon les informations publiées en septembre 2025 par les Nations unies. Sur la route de l’exode, elles recherchent des familles d’accueil ou des zones sécurisées; celle près de Goma, ville aux mains du groupe armé M23, a été fermé, accentuant la crise et l’errance.
“tracasseries administratives”
Des milliers de vies sont menacées, déclare le docteur : les stocks de médicaments sont épuisés et leur acheminement est difficile. Les couloirs humanitaires sont inaccessibles, les aéroports impraticables sans autorisation. Les organisations sont empêchées par des “tracasseries administratives” qui les empêchent d’atteindre la population et d’envoyer de l’aide.
Cette situation expose les populations à des risques accrus de famine, de maladies et de violences, tandis que les ONG locales, souvent les plus proches des communautés, manquent cruellement de moyens pour agir efficacement.
- Lire aussi : RDC : plus de 21 millions de personnes en détresse humanitaire, l’ONG Oxfam appelle la France à agir
Des financements et des moyens
Les différents acteurs humanitaires s’accordent sur ce point : “Il est essentiel que l’accent soit mis pendant la conférence sur la protection des civils”, appuie Clémentine de Montjoye, chercheuse pour Human Rights Watch. De son côté, elle plaide pour recevoir des moyens supplémentaires pour les enquêtes indépendantes afin de lutter contre l’impunité, dont l’ONG a documenté de graves violations et abus à l’encontre de la population, de la part de tous les belligérants — tant le M23 soutenu par le Rwanda que les Wazalendo et les FDLR soutenus par la RDC.
Pour inverser cette tendance, les ONG appellent à une mobilisation immédiate et coordonnée de la communauté internationale. Il s’agit non seulement d’augmenter les financements, mais aussi de les rendre plus flexibles et accessibles aux acteurs locaux, qui jouent un rôle clé dans la réponse humanitaire.
Luc Lamprière espère que des effets concrets découleront de cette rencontre.
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