La Tanzanie se rend aux urnes dans une atmosphère étouffante et sans véritable compétition politique. La présidente sortante Samia Suluhu Hassan, 65 ans, semble assurée de conserver le pouvoir, non pas grâce à une campagne dynamique, mais en raison de l’absence d’opposition.
Promue à la tête du pays en 2021 après la mort du président John Magufuli, Samia Hassan avait d’abord suscité l’espoir d’une ouverture politique. Quatre ans plus tard, la situation est tout autre : arrestations arbitraires, disparitions d’opposants et musellement des médias se sont multipliés.
Le principal parti d’opposition, Chadema, a été exclu du scrutin après avoir refusé de signer un code électoral qu’il jugeait injuste. Son leader, Tundu Lissu, arrêté en avril, risque la peine de mort pour trahison. Le seul autre candidat crédible, Luhaga Mpina de l’ACT Wazalendo, a été disqualifié pour des motifs administratifs.
— Samia Suluhu (@SuluhuSamia) October 28, 2025
Amnesty International dénonce une « vague de terreur » orchestrée par le pouvoir. Selon l’organisation, des opposants sont victimes de disparitions forcées, de tortures et même d’exécutions extrajudiciaires. Le barreau du Tanganyika affirme avoir recensé 83 disparitions en Tanzanie continentale depuis 2021.
Today @amnesty launched a new briefing on the human rights situation in Tanzania ahead of General elections.
— Amnesty Eastern Africa (@AmnestyEARO) October 20, 2025
Read more here> https://t.co/2qkuSstu55#HumanRightsUnderAttackTZ #TanzaniaDecides pic.twitter.com/jbV3V3xZXn
Répression et immobilisme politique
Même au sein du parti au pouvoir, le CCM (Chama Cha Mapinduzi), la liberté d’expression est quasi inexistante. Humphrey Hesron Polepole, ancien ambassadeur et figure critique du régime, a disparu depuis des semaines. Une vidéo diffusée par son frère montrant sa maison saccagée et maculée de sang a provoqué un choc sur les réseaux sociaux. Dans un pays où les manifestations sont quasiment inexistantes et sévèrement réprimées, la peur s’est installée. La majorité des médias étrangers n’ont d’ailleurs pas obtenu d’accréditation pour couvrir les élections.
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Pourtant, malgré ce climat politique tendu, de nombreux Tanzaniens semblent davantage préoccupés par l’économie que par la démocratie. Le pays a enregistré une croissance de 5,5 % en 2024, portée par l’agriculture, le tourisme et les mines. En campagne, Samia Suluhu Hassan a multiplié les promesses : grands projets d’infrastructures, assurance maladie universelle ou encore développement rural.
Mais derrière ce discours, l’appareil sécuritaire se tient prêt. Ce week-end encore, 17 personnes ont été arrêtées dans la région de Kagera. La présidente a prévenu : « Ceux qui n’ont pas participé au scrutin ne devraient pas chercher à perturber notre élection. »
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