Ce qui devait être un convoi funéraire s’est transformé en tragédie. Trois jours après le naufrage survenu mercredi 11 juin sur le lac Ntomba, dans la province équatoriale du nord-ouest de la RDC, 26 nouveaux corps ont été repêchés samedi 14 juin. Le bilan s’élève désormais à plus de 80 morts, selon la coordination provinciale de la société civile.
Le drame s’est produit alors que trois grandes pirogues, reliées entre elles, transportaient le corps d’une femme décédée, accompagné de plus de 200 personnes, selon les premiers témoignages. Tous faisaient route vers le village d’Ikoko-Bonginda, situé à 147 kilomètres de Mbandaka, la capitale provinciale.
Des corps en décomposition, des familles dévastées
« Plusieurs de ces corps sont en état de décomposition », a déclaré à l’AFP Dieu-Merci Akula, coordinateur de la société civile locale, présent sur les lieux. Il évoque une situation bouleversante : « Nous continuons à établir les listes des rescapés et des disparus, mais aussi à réconforter les familles éprouvées. »
Des équipes conjointes de la Croix-Rouge et du gouvernement provincial participent aux recherches et à l’inhumation des victimes. La Croix-Rouge a dû recourir à des cercueils offerts par un député local, les sacs mortuaires étant insuffisants. Samedi a marqué la fin officielle des recherches : passé le cap des 72 heures, les espoirs de retrouver des survivants ou des corps s’amenuisent.
Les causes pointées du doigt : surcharge, imprudence, vide réglementaire
Les causes exactes du naufrage restent à déterminer, mais de premiers éléments convergent vers une surcharge manifeste des embarcations. « La pression familiale et émotionnelle a prévalu sur les appels à la prudence », déplore la société civile dans un communiqué, qui évoque une absence de contrôle, une imprudence notoire, et un système de transport lacustre défaillant. Des vagues soudaines auraient surpris les conducteurs, incapables de manœuvrer face aux éléments.
Sans manifeste à bord — document listant les passagers —, les secours avancent à l’aveugle. Cette lacune, fréquente dans les transports fluviaux congolais, complique l’identification des victimes et la détermination du nombre exact de personnes à bord.
Une tragédie de plus dans une longue série
Le naufrage de mercredi s’ajoute à une liste dramatique d’accidents fluviaux en RDC. En avril dernier, un incendie d’embarcation sur le fleuve Congo a fait plusieurs dizaines de morts. En octobre 2023, un autre naufrage avait coûté la vie à 47 personnes dans la même province. Et en 2021, plus de 100 morts ou disparus avaient été recensés lors d’un drame similaire dans la province voisine de la Mongala.
Ces drames à répétition mettent en lumière l’extrême vulnérabilité des infrastructures de transport dans ce pays de 2,3 millions de kilomètres carrés, où les voies navigables demeurent essentielles face à la rareté des routes praticables.
Malgré les mesures de sécurité annoncées en 2019 par le président Félix Tshisekedi, comme le port obligatoire de gilets de sauvetage, peu de changements concrets ont été observés sur le terrain.
Une enquête exigée, la population attend des réponses
La société civile exige désormais l’ouverture immédiate d’une enquête pour déterminer les responsabilités dans cette tragédie. Les familles endeuillées, elles, réclament la vérité — et surtout des mesures pour éviter que de tels drames ne se répètent.
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