Niger : deux journalistes de Sahara FM incarcérés pour « complot » après avoir relayé une information sensible sur la Russie

Actus. Deux journalistes nigériens ont été placés en détention près de Niamey, accusés d’avoir porté atteinte à la Défense nationale après la diffusion d’une information jugée sensible par la junte.

Niger : deux journalistes de Sahara FM incarcérés pour « complot » après avoir relayé une information sensible sur la Russie
Hamid Mahmoud et Mahamane Bachir sont poursuivis pour "atteinte à la défense nationale et complot contre l’autorité de l’État" - Sahara FM

Au Niger, la répression contre les voix critiques se poursuit. Deux journalistes de la radio privée Sahara FM ont été incarcérés vendredi 13 juin à la prison de Kollo, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Niamey. Ils sont poursuivis pour « atteinte à la Défense nationale » et « complot contre l’autorité de l’État », a confirmé leur employeur à l’AFP.

Les deux hommes avaient été arrêtés début mai à Agadez, dans le nord désertique du pays, en même temps qu’une consœur également journaliste pour la station. Tous trois sont accusés d’avoir relayé une information initialement publiée par le média panafricain LSI Africa, selon laquelle les autorités nigériennes auraient rompu un accord de coopération en matière de renseignement avec la Russie. Ce partenariat sécuritaire est jugé stratégique par le régime militaire arrivé au pouvoir par un coup d’État en juillet 2023.

Une journaliste remise en liberté, les autres emprisonnés

Vendredi, un juge du tribunal militaire de Niamey a prononcé leur sort : les deux hommes ont été placés sous mandat de dépôt, tandis que la journaliste a obtenu une liberté provisoire. L’ensemble des trois journalistes reste cependant poursuivi pour les mêmes chefs d’inculpation. Aucune réaction officielle du gouvernement n’a encore été publiée à ce stade.

Fondée en 2003, Sahara FM est l’une des stations les plus influentes dans le nord du Niger, région frontalière instable marquée par les enjeux sécuritaires et géopolitiques.

Un climat de plus en plus hostile à la liberté de la presse

Depuis la prise de pouvoir par les militaires, les atteintes aux libertés fondamentales se sont multipliées. ONG et organisations de défense des droits humains tirent régulièrement la sonnette d’alarme sur les dérives autoritaires du régime du général Abdourahamane Tiani. L’espace civique est jugé « fortement restreint » par Amnesty International, tandis que Reporters sans Frontières a classé le Niger au 83e rang sur 180 dans son dernier rapport sur la liberté de la presse, en recul de trois places par rapport à 2024.

Les arrestations de journalistes sont devenues fréquentes. En 2024, le directeur du journal L’Enquêteur, Idrissa Soumana Maïga, avait déjà été emprisonné pendant plusieurs mois après la publication d’un article évoquant l’installation présumée d’équipements d’écoute par des agents russes. En parallèle, la Maison de la presse, qui fédérait 32 organisations de médias, a été suspendue et remplacée par un comité directement rattaché au ministère de l’Intérieur.

Dans ce contexte, l’incarcération des journalistes de Sahara FM sonne comme un nouveau signal inquiétant pour la liberté d’informer au Niger, alors que les relations stratégiques du pays avec la Russie deviennent de plus en plus sensibles à toute forme de critique ou de divulgation.

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