Une attaque particulièrement violente a frappé, dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 juin, la localité de Yelewata, dans l’État de Benue, au centre du Nigeria. Selon les autorités locales, au moins 45 personnes ont été tuées. Mais des sources communautaires et des habitants avancent un bilan bien plus lourd, évoquant jusqu’à une centaine de morts.
« C’est extrêmement grave, beaucoup de gens sont morts, peut-être plus d’une centaine », a déclaré à l’AFP Amineh Liapha Hir, un habitant de Yelewata. Christian Msuega, un autre témoin, a raconté avoir survécu à l’attaque, mais perdu sa sœur et son beau-frère, « brûlés vifs » par les assaillants.
Selon Ndermen Peter Terfa, jeune leader local, l’attaque aurait été perpétrée par « des éleveurs armés présumés » qui ont également incendié plusieurs habitations dans cette commune rurale du territoire de Guma.
Conflit récurrent dans la Ceinture centrale
Cette nouvelle attaque s’inscrit dans un conflit ancien et récurrent entre éleveurs peuls musulmans et agriculteurs sédentaires chrétiens, qui se disputent l’accès à la terre et aux ressources dans la « Ceinture centrale » du Nigeria, notamment dans les États de Benue et Plateau.
La police de Benue a confirmé l’attaque sans avancer de chiffres précis. Son porte-parole, Udeme Edet, a indiqué que des « bandits présumés » avaient envahi la ville au petit matin, et que des renforts avaient été envoyés sur place. « Un échange de tirs a eu lieu avec les assaillants, certains ont été tués », a-t-elle précisé, assurant que les opérations se poursuivaient.
Une spirale meurtrière et des appels à l’action
La région est plongée depuis plusieurs mois dans une spirale de violences. Il y a deux semaines déjà, 25 personnes avaient été tuées dans une autre attaque dans le même État. En avril, une série de massacres dans les États de Benue et de Plateau avait fait plus de 150 morts.
Dans un rapport publié récemment, Amnesty International estime que près de 6.900 personnes ont été tuées dans l’État de Benue ces deux dernières années, et 2.600 dans celui du Plateau. L’ONG décrit des exactions systématiques : exécutions sommaires, enlèvements, destructions de villages…
Le manque de contrôle étatique, la rareté croissante des terres agricoles et pastorales liée au changement climatique, et les tensions religieuses et communautaires, exacerbées par des discours extrémistes, alimentent ce conflit aux conséquences tragiques.
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