À 68 ans, Mohamed Ould Abdel Aziz est l’un des rares ex-chefs d'État condamnés pour enrichissement illicite dans l’exercice du pouvoir. Ses pairs, jugés par les justices nationales ou internationales, le sont surtout pour des crimes de sang. Mercredi 15 mai, un tribunal de Nouakchott, la capitale du pays, a donc condamné l’ancien chef d’État à 15 ans de prison ferme pour avoir abusé de son pouvoir dans le but de s’enrichir.
La défense dénonce un règlement de comptes
Mohamed Ould Abdel Aziz, condamné en première instance en décembre 2023 à cinq ans de prison ferme, comparaissait en appel depuis en novembre dernier aux côtés d'une dizaine de hauts responsables et de proches, dont deux anciens Premiers ministres, d’anciens ministres et des hommes d'affaires, pour enrichissement illicite, trafic d'influence ou blanchiment.
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La cour a également confirmé la confiscation des biens de l’ancien président, qui a dirigé le pays de 2008 à 2019, ainsi que la déchéance de ses droits civiques, lors d’une audience qui s’est déroulée sous haute surveillance policière.
"Cette décision confirme qu’il s’agit purement et simplement d’un dossier politique, marqué par le règlement de comptes, et non d’un dossier judiciaire jugeant des faits en droit", a déclaré à la presse le coordonnateur de la défense de Mohamed Ould Abdel Aziz. La défense a dénoncé des violations dans la procédure. Un recours a été déposé en cassation devant la Cour suprême.
67 millions d'euros de patrimoine
Le parquet avait requis une peine de 20 ans de prison ferme contre Mohamed Ould Abdel Aziz, qui est resté impassible au moment de l’annonce de la décision. La cour d’appel a toutefois rejeté les recours du parquet contre les deux anciens Premiers ministres et deux anciens ministres, qui avaient été blanchis en première instance.
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Avec cette condamnation en appel, beaucoup plus sévère que celle prononcée en première instance, l’ancien dirigeant, détenu depuis le 24 janvier 2023 après avoir passé plusieurs mois en détention en 2021, poursuit sa descente aux enfers sous son successeur, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, l’un de ses plus fidèles compagnons par le passé. L’actuel président a été son partenaire dans le coup d’État qui l’a porté au pouvoir en 2008, son ancien chef d’état-major et son ancien ministre de la Défense.
Sans nier être riche, l’ancien président a toujours contesté en bloc les accusations qui pèsent sur lui, criant à la machination destinée à l’écarter de la vie politique. Les enquêteurs avaient chiffré, au moment de son inculpation en mars 2021, son patrimoine et son capital à 67 millions d’euros.
Avec l'AFP.
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