L'Assemblée nationale congolaise a autorisé jeudi 29 mai l'ouverture d'une enquête judiciaire contre le ministre de la Justice de la République démocratique du Congo (RDC), Constant Mutamba, soupçonné de détournement de près de 20 millions de dollars destinés à l'indemnisation des victimes de la deuxième guerre de la République démocratique du Congo. L'affaire concerne un projet de construction d'une prison à Kisangani pour un budget de près de 40 millions de dollars.
Le ministre est soupçonné d'avoir violé les règles d'attribution des marchés publics en confiant les travaux à une entreprise congolaise, Zion Construction SARL. Il est également accusé d'avoir versé à cette société la moitié du montant des travaux, soit environ 20 millions de dollars, sans l'approbation de la Première ministre Judith Suminwa.
Le ministre reconnaît des "erreurs administratives"...
Ministre depuis mai 2024, Constant Mutamba avait déclaré vouloir rendre la peine de mort applicable aux condamnés reconnus coupables d'avoir détourné l'argent de l'État. Le procureur près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, a demandé l'autorisation de l'ouverture d'une enquête judiciaire à son encontre. Selon la Cour de cassation, les montants débloqués proviendraient d'un fonds spécial pour l'indemnisation de victimes de guerre dans l'est de la RDC.
Entendu devant une commission spéciale de l'Assemblée nationale, Constant Mutamba, qui est également député national, a "reconnu des erreurs administratives" et présenté des "excuses", selon un rapport de cette commission. Après un débat général retransmis à la télévision publique, la plénière a adopté la résolution portant autorisation de l'instruction à charge de M. Mutamba.
... et dénonce une "campagne de désinformation"
Selon la loi congolaise, si des preuves s'avèrent suffisantes contre M. Mutamba, le procureur près la Cour de cassation reviendra à l'Assemblée nationale solliciter l'autorisation des poursuites contre le ministre. Lundi, devant des dizaines d'agents réunis dans l'enceinte du ministère, M. Mutamba avait accusé le procureur Firmin Mvonde de faire partie "d'un groupe de mafieux" cherchant à l'"humilier".
Le 11 mai, le cabinet du ministre avait dénoncé dans un communiqué "une campagne de désinformation et de manipulation", évoquant un "détournement imaginaire et fictif". Les cas de détournements de fonds publics sont fréquents en RDC, pays d'Afrique centrale où l'indice de perception de la corruption est l'un des pires au monde, selon l'ONG Transparency International.
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