Dimanche 1er juin, l’Algérie a été secouée par un geste désespéré. Faouzi Zegout, un homme d’une trentaine d’années originaire de Frenda, s’est aspergé d’essence devant le ministère de la Justice à Alger, dans l’intention de s’immoler par le feu. La scène, filmée par un proche et relayée sur les réseaux sociaux, a rapidement fait le tour du pays.
L’action s’est déroulée dans le quartier ultra-sécurisé d’El Biar, où des agents de sécurité ont réussi à intervenir à temps avec un extincteur. L’homme a été conduit à l’hôpital des grands brûlés, où il est désormais hors de danger, selon le média local Frenda News.
Une vidéo poignante pour interpeller le président Tebboune
Avant de passer à l’acte, Faouzi Zegout a expliqué les raisons de son geste dans une vidéo devenue virale. Vêtu d’une chemise blanche et d’une cravate noire, il y dénonce "l’injustice" d’un juge du tribunal de Frenda, qui aurait menacé de le condamner à dix ans de prison.
Ce militant associatif avait été jugé pour avoir lancé une collecte d’argent sans autorisation, afin de venir en aide à des malades. Le verdict du tribunal devait être rendu ce dimanche 1er juin.
Une jeunesse sous pression
Les tentatives d’immolation publique sont rares en Algérie, contrairement à d'autres pays de la région comme la Tunisie, où elles ont déjà déclenché des mouvements populaires. Mais ce geste met en lumière le malaise d'une partie de la jeunesse algérienne, en quête de justice et d’expression.
Les moins de 30 ans représentent plus de la moitié de la population, soit environ 23 millions de personnes. En 2019, ils étaient en première ligne du Hirak, mouvement pro-démocratie qui avait mené à la chute d’Abdelaziz Bouteflika. Depuis, le mouvement a été freiné par la pandémie et la répression judiciaire.
Un climat politique toujours tendu
Même si le Hirak s’est affaibli, des dizaines d’opposants et défenseurs des droits sont toujours derrière les barreaux. Le geste de Faouzi Zegout ravive les débats sur les libertés individuelles, la justice indépendante et le rôle de la société civile dans l’Algérie d’aujourd’hui.
Il reste à savoir si son acte suscitera une réponse politique ou s’il rejoindra la liste des alertes silencieuses sur l’état des libertés dans le pays.
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