Tunisie : l'avocate Sonia Dahmani condamnée à deux ans de prison supplémentaires

Sonia Dahmani, 60 ans, est une opposante au président tunisien Kaïs Saied 

 "Le tribunal a condamné Sonia Dahmani à deux ans de prison", a déclaré à l'AFP l'avocat Sami Ben Ghazi, rappelant que sa consoeur était jugée en vertu du décret 54 sur les "fausses nouvelles". Sonia Dahmani, 60 ans, opposante au président tunisien Kaïs Saied, avait été arrêtée le 11 mai 2024 de façon brutale, et illégale selon ses confrères, au siège de l'Ordre des avocats par des policiers masqués.

🧵 #Tunisie l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani vient de nouveau d’être condamnée à deux ans de prison pour avoir dénoncé des phénomènes racistes en Tunisie. La « nouveauté », elle a été jugée deux fois pour les mêmes propos, étayés lors de son premier procès (1/4) pic.twitter.com/x1lHCwiD4h

— Hatem NAFTI (@HatemNafti) June 30, 2025

Sonia Dahmani critiquait l'existence de cimetières et d'autobus réservés aux personnes noires dans certaines régions de Tunisie. 
 

Elle a été condamnée ce lundi pour une intervention radiophonique où elle critiquait l'existence de cimetières et d'autobus réservés aux personnes noires dans certaines régions de Tunisie. Mme Dahmani est poursuivie dans cinq affaires liées à des déclarations ou publications dans des médias, toutes en vertu du décret 54, critiqué par les défenseurs des droits comme donnant lieu à une interprétation trop large. 
Elle purge déjà deux peines de 26 mois de prison au total pour avoir enfreint le décret 54, promulgué en septembre 2022 par Kaïs Saied. Elle a en particulier écopé de 18 mois d'emprisonnement pour avoir ironisé sur un plateau télévisé en mai 2024 à propos de l'intention prêtée aux migrants subsahariens de s'installer durablement en Tunisie malgré une grave crise économique. "De quel pays extraordinaire parle-t-on?", avait-elle répondu à un autre chroniqueur. 

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En février 2023, le président Kaïs Saied avait fustigé l'arrivée de "hordes de migrants subsahariens illégaux" et un "complot" pour "changer la composition démographique" de la Tunisie, un discours qui avait déclenché une violente campagne antimigrants dans le pays. 
Depuis que le président s'est octroyé les pleins pouvoirs lors d'un coup de force en juillet 2021, des dizaines d'opposants, avocats, journalistes et militants de l'aide aux migrants sont emprisonnés, soit en vertu du décret 54, soit pour des motifs liés à la législation antiterroriste ou pour "complot contre l'Etat".