Affaire Françoise Joly : une proche de Denis Sassou-Nguesso visée par une enquête pour blanchiment en France

Françoise Joly, conseillère du président congolais Denis Sassou-Nguesso, fait l’objet d’une enquête judiciaire ouverte à Paris pour des soupçons de blanchiment d’argent. Entre 2021 et 2023, elle aurait joué un rôle central dans l’acquisition d’un jet privé de type Falcon 8X, fabriqué par Dassault Aviation, via un ensemble de sociétés écrans.

L’information, révélée récemment par plusieurs médias spécialisés dont Africa Intelligence, Congo Liberty et Pages Afrik, met en lumière des circuits financiers complexes, ainsi que les liens entre diplomatie, affaires et grands contrats internationaux.

Une enquête discrète mais active

Selon les éléments connus, l’instruction a débuté en toute discrétion. En avril 2023, une perquisition aurait été menée au domicile parisien de Françoise Joly, dans le 16ᵉ arrondissement. D’après Congo Liberty, les enquêteurs auraient saisi près de 70 000 euros en espèces, des documents liés à l’achat de l’appareil, ainsi qu’un ordre de mission à en-tête de la présidence congolaise.

Mme Joly aurait été placée brièvement en garde à vue à cette occasion, avant d’être relâchée sans mise en examen à ce stade.

Une convocation ignorée

En novembre 2024, la justice française aurait convoqué Françoise Joly dans le cadre d’une possible mise en examen. Mais selon plusieurs sources, la conseillère du président congolais ne s’est pas présentée au tribunal judiciaire de Paris. Aucune confirmation officielle n’indique si cette convocation a été renouvelée ou si une procédure par défaut a été envisagée.

Dassault également visé

L’instruction judiciaire viserait également le constructeur aéronautique français Dassault Aviation, en tant que vendeur du Falcon 8X. Les juges s’interrogeraient sur les conditions financières et juridiques de la vente, ainsi que sur le rôle éventuel d’intermédiaires non identifiés.

Aucune mise en cause officielle de l’entreprise n’a été confirmée à ce jour, et Dassault Aviation n’a pas commenté publiquement l’affaire.

Silence officiel et continuité diplomatique

Malgré ces révélations, Françoise Joly continue d’apparaître aux côtés du président Sassou-Nguesso. En mai 2025, elle figurait dans la délégation congolaise en visite officielle à Paris. Cette présence interroge, alors même qu’une partie de la procédure judiciaire française la concerne directement.

Les autorités congolaises n’ont pas réagi publiquement à ce stade, et l’Élysée, sollicité par plusieurs médias, n’a pas souhaité commenter.

Pourquoi l’affaire sort maintenant ?

L’instruction étant couverte par le secret, les investigations sont restées confidentielles pendant plus de deux ans. Selon plusieurs observateurs, la multiplication des procédures similaires dans d’autres pays, le contexte politique franco-africain et la visite récente du président congolais ont pu précipiter la divulgation de cette affaire dans la presse.

Ce que dit la loi

À ce jour, aucune condamnation n’a été prononcée, ni à l’encontre de Mme Joly, ni à celle de Dassault. L’ouverture d’une information judiciaire n’implique pas la culpabilité des personnes visées.

Dans le respect du principe de la présomption d’innocence, Françoise Joly reste libre de ses mouvements, et peut contester, le cas échéant, les actes de procédure engagés contre elle.

Une affaire à suivre

Ce dossier sensible mêlant intérêts diplomatiques, industriels et judiciaires pourrait connaître de nouveaux développements à la rentrée judiciaire, prévue en septembre. D’ici là, la justice française poursuit ses investigations, dans un climat d'extrême prudence de part et d'autre de la Méditerranée.