Reporters sans frontières (RSF) a exhorté jeudi 21 août les autorités de l'Éthiopie à "libérer immédiatement" deux journalistes éthiopiens arrêtés, dénonçant la multiplication des atteintes à la liberté de la presse dans ce pays d'Afrique de l'Est.
Abdulsemed Mohamed, qui anime une émission économique sur la station privée Ahadu Radio, a disparu le 11 août dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba et a été vu trois jours plus tard "accompagnant des policiers qui ont perquisitionné son bureau", selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), citant un proche. Yonas Amare, rédacteur en chef du quotidien The Reporter, a été "enlevé par un groupe d'individus masqués" le 13 août à son domicile à Addis-Abeba, a affirmé son média.
RSF dénonce le silence des autorités sur les motifs de détention
Un journaliste du Reporter ayant requis l'anonymat a indiqué que le gouvernement n'avait pas répondu aux requêtes du journal sur le sort de M. Yonas.
Mais "des témoins oculaires nous ont dit qu'il avait été emmené par les forces de sécurité gouvernementales", a-t-il ajouté. "RSF s'inquiète de la manière dont les journalistes Yonas Amare et Abdulsemed Mohamed ont été arrêtés et du silence des autorités qui n'ont pas encore officiellement fourni d'informations sur les motifs et les conditions de leur arrestation", a déclaré à l'AFP Sadibou Marong, directeur du bureau de RSF pour l'Afrique subsaharienne.
M. Marong a exhorté "les autorités éthiopiennes à fournir des informations sur le sort de ces deux journalistes et à les libérer immédiatement", dénonçant la multiplication des atteintes à la liberté de la presse en Éthiopie.
Classement mondial de la liberté de la presse : l’Éthiopie chute à la 145ᵉ place
Interrogé par l'AFP, le porte-parole de la police d'Addis-Abeba n'a pour l'heure pas réagi. Plusieurs journalistes ont été arrêtés ces derniers mois dans le pays, où des élections législatives sont prévues en juin 2026. Ils ont depuis été libérés. Mi-avril, trois employés de l'Addis Standard, un quotidien en ligne en anglais, ont été détenus pendant plusieurs heures après une descente policière et des saisies dans leurs locaux.
À son arrivée au pouvoir en 2018, le Premier ministre Abiy Ahmed avait été salué pour son ouverture, après presque trois décennies dominées par le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) qui a dirigé le pays d'une main de fer 1991 à 2018.
Mais l'Éthiopie pointe cette année au 145e rang sur 180 pays dans le classement de la liberté de la presse établi par RSF, en baisse de quatre places sur un an. L'ONG critique une "reprise en main du champ de l'information" par le pouvoir. Selon RSF, six journalistes sont emprisonnés à ce jour en Éthiopie.
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