La mort de quatre villageois et la disparition d'un villageois dans la nuit de dimanche 24 à lundi 25 aout ont été confirmées par l'Armée ivoirienne. Les faits se sont déroulés dans le nord-est de la Côte d'Ivoire, à deux kilomètres du Burkina Faso. La nature de cette attaque est pour le moment inconnue. Mais quelles sont les dernières hypothèses avancées ?
Nous sommes dans une zone assez loin du cœur d'Abidjan, du cœur de la Côte d'Ivoire, donc assez vulnérable par rapport au reste du nord de la Côte d'Ivoire. Quand on a eu écho de cette attaque, il y a eu une piste qui a été la première à être envisagée, mais les premiers éléments d'enquête montrent que ce n'est pas la piste privilégiée. On pense plutôt à d'autres attaques qui pourraient venir de bandits ou d'éléments contrôlés.
En effet, dans cette zone, il y a les djihadistes, il y a aussi les milices, il y a aussi les VDP, qui sont la milice civile burkinabé chargée de lutter contre le terrorisme et qui est aussi accusée d'exactions. Et il y a aussi divers trafics. Alors, la frontière entre le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire est décrite comme étant mal délimitée. Qu'est-ce que ça veut dire exactement ?
Comme la plupart des frontières africaines, il y a des problèmes entre les pays, surtout concernant des villages, des forêts ou quelques petites rivières. D'ailleurs, la Côte d'Ivoire et le Burkina ont entrepris, avec les différentes commissions nationales de frontières, de travailler là-dessus. C'est un chantier qu'ils ont lancé il y a quelques années déjà, où des contacts étaient renforcés.
Mais vous imaginez bien la situation politique tendue entre ces deux pays, avec des régimes qui s'accusent mutuellement de vouloir se déstabiliser. Cela a donc mis fin, à la fois, à la collaboration sur la délimitation de la frontière, mais plus grave encore, à la collaboration entre les armées, les polices et les gendarmeries. C'est la première conséquence de cette rupture : aujourd'hui, puisqu'il n'y a plus de commandement commun, plus d'échanges d'informations et plus de contacts, les incidents se multiplient.
Souvenez-vous des gendarmes ivoiriens qui ont été arrêtés, ou des VDP burkinabés qui ont été capturés. Aujourd'hui, on en est arrivé jusqu'à des meurtres. On parle même de fonctionnaires ivoiriens enlevés dans la même zone. Cette tension politique a donc des conséquences réelles dans une zone où la frontière est mal délimitée, où les populations sont encore très liées, où les familles se retrouvent de part et d'autre et où les activités économiques concernent la même population, de part et d'autre.
Et jusqu'où peuvent escalader ces tensions entre le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire ?
J'ai envie de dire qu'on joue un peu avec le feu. On joue avec un feu qui devient de plus en plus intense. Les premières tensions concernaient des gendarmes enlevés, des VDP retenus en Côte d'Ivoire, des gendarmes ivoiriens enlevés au Burkina.
Aujourd'hui, pour la première fois, on observe des conséquences mortelles. Il faut donc craindre, clairement, qu'une escalade survienne et envenime les relations entre la Côte d'Ivoire et le Burkina. Il est vraiment nécessaire d'essayer de travailler rapidement à maintenir un minimum de coopération.
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