CPI : ouverture d’une audience historique contre Joseph Kony, chef de guerre ougandais en fuite

Actus. La Cour pénale internationale (CPI) ouvre ce mardi 9 septembre à La Haye une audience inédite visant Joseph Kony, fondateur de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et fugitif depuis près de vingt ans. Accusé de 39 chefs d’inculpation, dont meurtre, torture, viol, esclavage sexuel et enrôlement forcé d’enfants, l’ex-chef de guerre ougandais est au cœur de la première procédure par contumace de l’histoire de la juridiction. Les juges devront décider si les preuves présentées justifient l’ouverture d’un procès, qui ne pourra toutefois se tenir qu’en cas d’arrestation de l’accusé.

CPI : ouverture d’une audience historique contre Joseph Kony, chef de guerre ougandais en fuite
La Cour pénale internationale (CPI) ouvre ce mardi 9 septembre à La Haye une audience inédite visant Joseph Kony, fondateur de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et fugitif depuis près de vingt ans.

Une audience de mise en accusation devant la Cour pénale internationale (CPI) visant Joseph Kony, chef de guerre ougandais en cavale, accusé de crimes contre l'humanité et crimes de guerre, va s'ouvrir mardi 9 septembre à la Haye (Pays-Bas) pour la première procédure par contumace de l'histoire de cette juridiction.

La CPI devra décider si les preuves sont suffisantes pour ouvrir un procès contre Kony

Les procureurs vont soumettre aux juges 39 chefs d'accusation contre Joseph Kony, dont meurtre, torture, viol, esclavage sexuel et pillage, ciblant notamment de très nombreux enfants.

Fondateur à la fin des années 1980 de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), dont l'objectif déclaré était d'établir un gouvernement fondé sur les Dix Commandements de la Bible, cet ancien enfant de chœur catholique et prophète autoproclamé est accusé devant la CPI d'avoir dirigé dans le nord de l'Ouganda une campagne de terreur qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts.

Après trois jours d'audience, les juges décideront si les accusations sont suffisamment étayées pour ouvrir un procès. Lancé en 2005, le mandat d'arrêt contre Kony est le premier jamais émis par la CPI, créée pour juger les pires crimes du monde.

Mais, 20 ans après, l'intéressé reste insaisissable et le règlement de la cour interdit tout procès par contumace. Un procès ne pourra donc avoir lieu que si Joseph Kony est retrouvé et transféré à La Haye.

La défense a demandé l'annulation de l'audience, la qualifiant de "dépense énorme en temps, en argent et en efforts, sans aucun bénéfice".

Mais les procureurs estiment que la tenue de cette audience dite de confirmation des charges accélérera tout procès potentiel en cas d'arrestation de Kony.

Ils soulignent également l'importance pour les victimes que les accusations contre Kony soient portées devant la CPI.

Joseph Kony reste introuvable depuis près de vingt ans malgré des opérations militaires internationales

Depuis qu'elle a pris les armes contre le président Yoweri Museveni, à la tête de l'Ouganda depuis 1986, la LRA a tué au moins 100.000 personnes et enlevé plus de 60.000 enfants, estime l'ONU.

Chassé d'Ouganda en 2006, le groupe a ensuite poursuivi ses exactions dans plusieurs pays voisins. Sous le commandement de Joseph Kony, la LRA est accusée d'avoir mis à sac des camps de réfugiés, décapité des civils, brûlé vives des personnes dans leurs maisons et enlevé des enfants pour en faire des soldats ou des esclaves.

Selon des témoins, des enfants étaient contraints de tuer des membres de leur famille à coups de machette ou de mordre d'autres personnes jusqu'à la mort.

Les filles enlevées devenaient des esclaves sexuelles, y compris pour Kony lui-même. D'anciens détenus ont également décrit des rituels comme boire le sang des victimes et procéder à des amputations punitives. Censé se cacher dans la dense forêt d'Afrique centrale, Joseph Kony n'a pas été vu en public depuis près de deux décennies, malgré les efforts pour le capturer.

En 2012, une vidéo postée sur YouTube dans le cadre d'une campagne visant à le traduire en justice a été vue plus de 100 millions de fois en quelques jours.

Joseph Kony reste introuvable depuis près de vingt ans malgré des opérations militaires internationales

Le président américain de l'époque, Barack Obama, avait déployé une centaine de membres des forces spéciales pour épauler les armées régionales dans leur traque, mais cette mission s'est achevée en 2017 sans aucun signe du fugitif.

Dominic Ongwen, enlevé par la LRA, devenu un de ses enfants-soldat puis un de ses commandants, s'était en revanche rendu aux forces spéciales américaines en 2015 en Centrafrique. La CPI l'a condamné en 2021 à 25 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La menace posée par la LRA a considérablement diminué. Autrefois forte de plusieurs milliers de combattants, elle n'en compte plus qu'une poignée, dispersés au Soudan, au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo et en République centrafricaine.

 

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