Lancement des Diaspora bonds au Sénégal : " Si ça marche, d'autres États pourraient s'en inspirer", selon Blaise Gnimassoun, docteur en économie

Actus. Le gouvernement sénégalais a fait appel à sa diaspora pour l'aider à se financer en lançant, jeudi 18 septembre, un emprunt obligataire de 300 milliards de francs CFA, soit environ 450 millions d'euros. Il est le quatrième pays après l'Éthiopie, le Nigéria et le Kenya à tenter l'expérience. Blaise Gnimassoun, maître de Conférences à l’université de Lorraine et docteur en économie, était l'invité d'Africa Radio ce mercredi 24 septembre.

Lancement des Diaspora bonds au Sénégal : " Si ça marche, d'autres États pourraient s'en inspirer", selon Blaise Gnimassoun, docteur en économie
Le gouvernement sénégalais a fait appel à sa diaspora pour l'aider à se financer en lançant, jeudi 18 septembre, un emprunt obligataire de 300 milliards de francs CFA, soit environ 450 millions d'euros.

Le gouvernement sénégalais a fait appel à sa diaspora pour l'aider à se financer en lançant, jeudi 18 septembre, un emprunt obligataire de 300 milliards de francs CFA, soit environ 450 millions d'euros. C'est ce qu'on appelle des diaspora bonds. En quelques mots, que sont ces diaspora bonds ?

Les diaspora bonds sont des instruments financiers, principalement des titres de dette, qui sont généralement émis par les États, l'État du Sénégal, par exemple, et qui sont destinés à leur diaspora. Ces obligations ont pour vocation de financer le déficit public. Il faut quand même préciser que les diaspora bonds ne sont pas uniquement du ressort des pouvoirs publics : elles peuvent aussi être émises par des entreprises, en particulier les grandes entreprises.

Les diasporas africaines envoient de l'argent à leurs familles, quand elles investissent dans leur pays, c'est plutôt pour des projets d'ordre privé ou pour investir dans des projets locaux. Et selon la Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest, les 700 000 Sénégalais installés à l'étranger contribuent à près de 12 % du PIB du pays. Ce sont les chiffres de 2023. Est-ce que cela donne une indication suffisante pour savoir si la diaspora va forcément placer de l'argent dans ces diasporas bonds ?

Vous l'avez évoqué, je pense que le cas du Sénégal est vraiment à relever. La diaspora sénégalaise est très investie au Sénégal, comme vous l'avez indiqué. Les envois de fonds de la diaspora sénégalaise représentent entre 10 et 12 % du PIB chaque année. C'est vraiment énorme comme ressource envoyée par la diaspora dans les pays d'origine, en particulier ici au Sénégal. Ces fonds sont destinés, la plupart du temps, à la consommation, mais une partie de plus en plus importante est orientée vers l'investissement. C'est vraiment quelque chose à relever, qui est très important.

À l'échelle de l'Afrique, puisque le niveau des envois de fonds vers le continent est très hétérogène selon les pays, cela représente environ 3 % du PIB africain. Cela reste colossal, parce que ce flux financier a aujourd'hui dépassé, par exemple, l'aide publique au développement, mais aussi les investissements directs étrangers. C'est pour vous situer un peu l'importance de ces ressources.

Donc oui, la diaspora sénégalaise envoie beaucoup de ressources, et ces envois montrent que cette diaspora a réellement une capacité de financement, un pouvoir d'achat et un pouvoir d'épargne.

Et, par conséquent, les États africains peuvent s'appuyer sur cette capacité pour financer leur déficit public et leurs besoins de développement.

Mais quand on parle de diaspora, en son sein, il y a aussi des personnes qui appartiennent à différentes catégories sociales. Faut-il forcément être aisé pour faire ce placement et disposer d’un certain capital ?

Non, non, pas nécessairement. Vous avez raison de le préciser, quand on parle de la diaspora africaine de manière générale, il faut distinguer la diaspora africaine en Afrique, car une bonne partie de la diaspora africaine se trouve sur le continent. Aujourd'hui, on a à peu près 45 millions d'Africains dans la diaspora : 25 millions en Afrique et 20 millions en dehors du continent.

Cette diaspora a un profil très différent. Il y a une partie de la diaspora qui a un pouvoir d'achat élevé et une autre dont le pouvoir d'achat est beaucoup moins élevé. Ce que les études empiriques montrent, paradoxalement, c'est que c'est plutôt la diaspora au pouvoir d'achat relativement plus faible qui envoie proportionnellement le plus de ressources dans les pays d'origine.

Ainsi, les envois de fonds, les transferts de la diaspora, ne sont pas nécessairement l'apanage de la diaspora aisée. Même la diaspora moins aisée, moins riche ou moins dotée en ressources financières, contribue également aux ressources dans les pays d'origine. Peu importe la situation dans les pays de destination ou d'accueil, on observe que des ressources sont envoyées vers les pays d'origine.

 

 

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